Camille Jourdy continue ses portraits de femmes. Il y eut Rosalie Blum puis Séraphine. Juliette vient d’arriver, un peu en miettes, sur le quai de gare de sa ville d’enfance. Son père n’est pas là qui l’attend mais c’est normal, on ne l’attend jamais, elle compte pour du beurre. Juliette a pris un congé, quitté Paris dans l’espoir d’aller mieux en se replonger dans l’univers de sa famille. Sa famille ! Oui, ben non. Son père qui ne dit jamais rien, les yeux rivés sur son journal, chez qui elle s’installe. Sa soeur aînée, mariée, deux enfants, une copine toujours collée à elle. Sa soeur est le contraire de Juliette, forte, décidée, occupée. Elle a un son amant du jeudi qui doit se déguiser pour la voir. Qu’elle oublie un jour dans un placard. Sa mère, divorcée joyeuse, habillée criard, qui sort avec un hippy vintage, mais en prendra un autre bien vite. Et puis la petite vie de la ville où il ne se passe rien, son vernissage un peu pourri, et son bistro bon enfant où tout le monde se connaît. Un homme va attacher ses pas à ceux de la déprimée pour tenter de la faire sourire. Un caneton, trouvé dans un parc, va être le lien entre eux. Mais Juliette, est-ce qu’elle en a à foutre de tout ça ? Pourquoi on ne lui a jamais dit que ses parents avait perdu un bébé avant elle ?
Un livre chouette, tendre et cruel comme une famille ordinaire dont je vous offre la page d’un déjeuner tous ensemble.
Juliette par Camille Jourdy chez Actes Sud BD, plein de pages, pas de prix au dos…
Texte © dominique cozette