A part Les dernières nouvelles du Clito, je ne lis plus la presse féminine mais parfois je tombe sur une pub que vous avez peut-être toutes vue, mais que je découvre. C’était dans M mag. Je fais : Oh ! Une vieille dame qui pose pour Chanel ! Qui est-elle ? C’est sûrement quelqu’un de connu, regardons voir… Et pour une fois, ils ont mis son nom en majuscules toutes fines sous le bouton du col. Et je lis …. Ali MacGraw !
Quoi ??? Réagis-je mal parce que j’ai des réactions spontanées dont j’ai honte ensuite. Quoi ??? Cette femme âgée serait cette femme si belle qui s’appelait Ali MacGraw et fraya un temps avec Steve MacQueen ??? Pas possible ! Comme la vieillesse est une bâtarde de l’enfer !
Puis, sortant mon fouet à pointes pour me fustiger cruellement, je réfléchis et me dis : Bah quoi, tu ne t’es vue, pauvre de toi. Toi qui semais des torticolis à tout va en cheminant de bar en bar… Oui, bon, passons. Donc oui, chacun sa merde, on vieillit ou on meurt. Mais il y a vieillir et vieillir.
D’où troisième réaction : apparemment, cette femme âgée ne s’est pas fait charcuter. Pas de bouche de canard, pas d’yeux exagérément tirés à la Sheila, pas de sourcils remontés à l’outrance. Et des rides. Oui, madame : des rides.
Or donc, Ali MacGraw est une femme qui assume de vieillir en fuckant le bistouri. Bravo. Et puis elle est très belle et très classe : rien à dire là-dessus. Filons sur Google pour en savoir plus : elle a 80 ans. Ouh la la ! 80 !!! Ça commence à compter.
Alors, du coup, je m’intéresse un peu plus à sa vie : Née en 1939 de parents aisés et fantasques, quoi que le père fût ce genre de fieffé salaud qui tape quand il boit, et qu’est-ce qu’il boit !, elle fait des études dans un collège classieux puis devient assistante de photo. Diana Vreeland, sorte d’Anna Wintour en plus vache, l’emmène avec elle chez Vogue. Remarquée par tous, elle devient mannequin et Chanel, Coco en personne, en la voyant, exige immédiatement qu’elle vienne poser pour ses tailleurs. Jusqu’à ce qu’elle se lasse de ses narines. Authentique.
Alors, le cinéma l’appelle. Elle traîne un peu aux génériques derrière de plus grandes vedette jusqu’à ce qu’elle apparaisse dans Goobye Columbus en 1969. Oscar du meilleur espoir. Elle est devenue madame Robert Stevens, comme on disait jadis. Son beau mari, le boss de la Paramoun (ça aide), prépare Love Story, petit budget mais émotion garantie. Elle explose presque … sauf que c’est Ryan O’Neal, son partenaire, qui buzze car vient de faire un énorme boum avec Peyton Place, et avec Mia Farrow. N’empêche que le film est un succès planétaire. Mais le seul oscar pour huit nominations va à Francis Lai (vive la France !).
Pour le film suivant, Guet-Apens, Steve MacQueen l’exige pour jouer sa femme. Elle ne fera pas que la jouer, elle le deviendra au grand dam du mari bafoué sans qui, se plaint-il, elle n’en serait pas là. Mais Steve connut lui aussi les violences paternelles et, comme tout un chacun, répéta l’infernal schéma de l’alcool qui envoie. Alors Ali se met à la vodka, rien de mieux pour encaisser. Leur vie conjugale se joue sur le ring de la violence, c’est atroce et pathétique. Ali redescend aussi vite qu’elle était montée sur les sentiers de la gloire. Ils divorcent. Steve continue sa carrière mais mourra à cinquante ans. Leur vie de couple racontée par un magazine people (c’est ici ) nous informe que Steve lui a interdit de tourner, l’enfermant à la maison, amenant ses maîtresses, la maltraitant. Elle affirme qu’elle aimait ça venant de lui…
Ensuite Ali fait quelques panouilles cinématographiques, apparaît dans quelques séries dont Dynasty, se reconvertit dans le théâtre et dans la production. Mais surtout, se refait une santé grâce au yoga qui, dit-elle, lui a sauvé la vie.
Son fils, Josh Evans, est acteur.
Et la revoici chez Chanel qu’elle illumina du temps de sa belle jeunesse.
Texte © dominique cozette