Pacman ≠ No impact man

No impact man est le pari vraiment dingue de Colin Beavan, auteur de livres historiques, de vivre pendant un an avec sa femme et leur bout de chou, en plein coeur de New-York City, sans laisser d’empreintes carbone. Oui, à NYC ! Il raconte de façon très pointue tous les problèmes qu’il va rencontrer, les obstacles auxquels il doit faire face, les risques amicaux, familiaux et sentimentaux de l’affaire. Car demander à sa femme de ne plus prendre l’ascenseur — ils habitent au 9ème étage — de ne pas aller rendre visite à sa famille à Thanksgiving ET à Noël, de remplacer les Pampers par des couches lavables, de supprimer … la machine à laver dans un premier temps, c’est pas gagné.
Mais Michelle accepte. Elle accepte aussi de ne plus acheter de conneries qui ne servent à rien, de fringues neuves, de supprimer la télé, puis le frigo, puis les taxis… Ils ont beaucoup de mal avec le café car qui dit consommer local dit no coffee et bien d’autres choses.
Ne parlons pas du PQ…
Bref, ils découvrent une nouvelle façon de vivre, plus de temps à passer avec ceux qu’on aime notamment la petiote, mais aussi les vieux légumes d’hiver tels que rutabagas et autres racines improbables à cuisiner. Ils font table ouverte pour leurs amis qu’ils voient plus, du coup, mais le soir où ils décident de couper définitivement l’électricité, ça le fait moins.
Le bouquin est très dense au niveau des infos sur tout, la planète, le grand gâchis, l’économie calamiteuse de nos dirigeants dont il ressort qu’aucun d’entre eux n’a intérêt à prôner un retour à une moindre consommation : « Ce qui est scientifiquement nécessaire pour parer au changement climatique n’est pas politiquement possible […] Les politiciens […] du gouvernement américain poursuivent la stratégie qui leur semble la plus efficace pour traiter la crise climatique : ne rien faire. »
Bilan quelques temps après la fin de l’expérience : gros changements dans l’attitude du couple face à a consommation, conservation de bonnes habitudes (il a gardé son rickshaw pour circuler dans NY par ex.) mais ils n’ont pas vraiment réussi à se passer de certaines choses. Ils ne produisent pas de déchets. Continuent à manger local et à n’acheter que des choses d’occasion. En même temps, il pense qu’il a sûrement été très pénible pour les autres et que point trop n’en faut pour convaincre son entourage.

Colin Beavan nous apprend beaucoup de choses dans ce livre. Des chiffres énormes qui nous mettent le nez dedans. Des comparaisons avec avant mais aussi ailleurs, où beaucoup n’ont rien. Et aussi que consommer au-delà de toute raison et de tout désir ne rend pas plus heureux…
C’est un livre instructif, passionnant, assez drôle et pas moralisateur, écrit en 2009.

Colin Beavan. No impact man. 2010 pour la France, en poche chez 10/18. 276 p. + annexes.

Texte © dominique cozette

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