Réveil des dents de Nicolas Baker

« J’ai le nez très bouché maintenant, et quand je dors mes dents se dessèchent parce que je respire par la bouche, alors mes lèvres se collent à mes dents comme à des ardoises restées au soleil, et ce rictus figé me réveille, et puis vient ce moment délicieux où l’on tend les lèvres pour les décoller de sorte que les dents se ré-humidifient. Elles commencent par résister, et puis leur glissant revient d’un seul coup, et on peut alors s’arroser les dents comme un rôti et remettre la langue, qui a elle aussi souffert d’une heure de privations asséchantes, en action. »

Nicolas Baker* (Une boîte d’allumettes)
photo © dominiquecozette

* Auteur qui se situerait (le conditionnel car de quoi me mêlè-je ?) entre Delerm (en mieux, bien sûr) et Perec (en moins bien, idem) pour sa description des choses de tous les jours qui n’intéressent en fait que les gens qui sont intéressés par l’écriture (cette phrase est d’une finesse). Disons, comme Queneau, qu’il s’agit là,  d’un exercice de style, genre la plume qui fait les pointes aux quatre coins de la page. Là, c’est pire que tout, veuillez m’excuser…

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