Quand je serai jamais grand ou le film sur l’immense Petrucciani

Il est minuscule, quand on dit 1 mètre et qu’on le voit debout, c’est plutôt 80 cm. Mais il est lourd, car il faut le porter, il ne marche pas. Il carbure, en revanche, et à tout ce qu’il ne faut pas, alcool, dopes de toutes sortes et pas la moitié d’une ligne, d’un shoot ou d’une dose, femmes. D’après elles, la nature n’a pas lésiné. Et il sait se servir de l’instrument… Il aura plusieurs épouses et des maîtresses un peu partout, qui le porteront contre leur coeur, leurs seins, ce tout petit génial bourré d’explosif.
Je ne vous raconte pas tout, il y a tellement à découvrir dans ce film de commande réalisé par Michael Radford qui ne connaissait pas Petrucciani et mal le jazz, qui donc a ratissé les archives, compilé les témoignages, monté les fabuleuses séquences musicales où l’on voit l’incomparable dextérité du pianiste que sa conformation physique permet d’atteindre — c’est expliqué — et la jouissance que provoque le fait de se produire sur d’immenses scènes de jazz comme le Village Vanguard.
Atteint de la maladie des os de verre, sa sachant condamné à une existence courte, Michel Petrucciani vivra à un rythme d’enfer difficilement supportable par les autres, se cassera fréquemment les os des doigts, des bras et des épaules pour cause de fougue mais sans jamais moufter.  Il n’arrête jamais de déconner, ne prend pas soin de lui, grille sa vie au sens propre. Il fera sa dernière bringue lors d’un nouvel an dans les bas-fonds new-yorkais où il aimait se perdre.
Un des films les plus joyeux du moment  ! Entrez dans l’univers incroyable de ce géant minuscule et génialissime qu’était Petrucciani, fabuleux pianiste, don Juan impénitent, farceur, excessif, amoureux de la vie, addict de plein de trucs, truculent, d’une vitalité explosive. A voir vraiment pour le plaisir de faire connaissance avec ce personnage extravagant !
Seul bémol : Radford aurait du prévoir de mettre les noms et qualités des intervenants en sous-titres. Beaucoup de musiciens sont vus à divers âges/occasions, des femmes, des frères, des parents, on est loin d’identifier tout le monde.
Voir la bande annonce ici.

Texte © dominique cozette

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