Des livres pour Nabilla #10

MICHEL FOUCAULT. HISTOIRE DE LA SEXUALITÉ

Impossible de résumer cet ensemble de livres — il y a plusieurs tomes — parce que la pensée de Mimi sinue. En même temps, il n’y a rien de pornographique là-dedans, ni même d’érotique, tu serais déçue c’est juste que le sujet est la sexualité, entre autres.

Si tu essaies de lire ça en faisant l’amour, tu risques de t’endormir. Y a pas de vidéo ou de bande-annonce. L’auteur n’est même pas un bomec, en tout cas il ne te plairait pas et ça serait réciproque, je ne dis pas ça pour te vexer, il était homosexuel.

Et il est mort du sida dans les années 80. C’était l’époque où le vaccin n’existait pas*, où les tests non plus, ni la trithérapie ni le petit ruban rouge.

* On me souffle qu’il n’existe toujours pas.

Texte et image © dominique cozette
NB : Nabilla est un terme générique pour « icône à faibles connaissances ».

20 ans après, 40 ans plus tard…

C’est un livre de Thierry Voeltzel, la transcription de longs entretiens qu’il avait donnés à Michel Foucault. Ce dernier l’avait pris en stop dans sa petite décapotable, était née une amitié et l’entrée du jeune homme dans le cercle des intellos de l’époque. C’était dans les années 70 et c’était assez … étonnant.
Les entretiens, enregistrés sur mini-cassettes, non censurés, se développent autour de plusieurs thèmes dont forcément la sexualité, la famille, la religion, le travail, la politique, la culture, la drogue etc…, tout ce qui fait une époque. Le jeune homme, ancien maoïste, militant au FHAR, est homo, ce qui n’est pas évident à cette époque « entre les fafs et les loulous qui cassent le gueule aux pédés » mais, détail hallucinant, sans réels tabous, comme l’hétérosexualité d’ailleurs. Il parle librement de son attirance pour ses frères, ses relations touche-pipi avec les enfants, les partouzes après les réunions politiques, les coucheries entre profs et élèves.
Il parle aussi de ses petits boulots car il refuse de faire des études et préfère ses expériences en usine, et à l’hôpital où il fait le grouillot, les tâches ingrates. Il dévoile ce qu’étaient les mises à mort du samedi, la piqûre létale ni vue ni connue pour les malades irrécupérables.
Ils s’entretiennent beaucoup sur la gauche, le communisme, Mao, Marx, le socialisme, et sur l’action syndicale. Il est à la CGT et possède une grande culture libertaire et révolutionnaire. La religion ne l’intéresse pas vraiment.
En fait, ce jeune homme est plein de désillusions, l’avenir ne lui sourit pas plus que ça, les luttes passées n’ont abouti à rien et, Foucault s’en étonne, c’est un nihiliste qui se construit sous ses yeux.
Une recherche rapide sur Google ne dit pas ce qu’est devenu ce jeune homme né en 1955.

Vingt ans et après, de Thierry Voeltzel, aux éditions Verticales, 2014 (première parution en 1978 sous anonymat pour Foucault). 215 p., 17,90 €.

Texte © dominique cozette

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