Même le froid tremble, roman sauvage

Rentrée littéraire. L’autrice de ce livre, Nicole M. Ortega, a piqué son titre, Même le froid tremble, à une poétesse car elle est elle-même poète. C’est un livre échevelé, sauvage, qui met en scène trois très jeunes filles d’un des plus grands bidonvilles du Chili, à Santiago. La narratrice a un peu plus de chance que ses deux amies car elle est blonde, issue d’un père français de passage près de sa mère. Mais qui ne s’est pas du tout occupé d’elle. Elle est en revanche pleine d’amour pour son papa noir, son beau-père, qui l’a élevée tendrement. Chance car les prédateurs — et il n’y a que ça dans ce pays ultra-machiste qui fait peut cas des femmes, on viole, on tue, on jette — car on la prend pour une touriste et on n’ose moins s’attaquer à elle. Enfin, c’est relatif.
Ces trois jeunes filles ont décidé pour leurs vacances d’aller à la fête de la Vierge noire, un des événements les plus festifs du pays. Pour cela, il leur faudra parcourir 1600 km sans moyens, le peu de pièces qu’elles ont fond vite, et ne peuvent compter que sur la bienveillance de certaines personnes pour y arriver. Les rencontres en stop, les nuits glaciales à la belle étoile, la Dame blanche qui les guette, un serial killer qui rôde, il va falloir faire face à toutes ces difficultés pour y arriver. Ne parlons pas non plus des petits antagonismes qui manquent de les séparer.
C’est un langue forte, trash, cash qui habite ce texte punk ultra-violent. Comme la menace est partout, les mots durs les accompagnent sans ambages. C’est aussi poétique, politique, révolté et tendre souvent.
L’autrice est née au Chili et a choisi d’écrire ce texte en français. Un road trip impressionnant.

Même le froid tremble de Nicole M. Ortega, 2025, aux éditions Anne Carrière. 170 pages, 18 €.

Texte © dominique cozette

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