Idéalisation & Clémentine



Idéalisation
, c’est le titre d’une chanson rigolote que j’avais écrite / composée / chantée sur mon inoubliable super 45T en 1967.
Ça racontait l’histoire d’une femme qui voulait insonoriser, araignéiser, démithridatiser, dérupturiser son mec, bref, il devient peintre en bâtiment pour la couvrir de blanc… (écouter ici)
Un jour, va savoir pourquoi, les Yesmen (Beni-oui-oui activistes du canular) s’en sont emparés pour illustrer un de leurs films. Mais plus pour le coup de trompette que pour le contenu du texte, je suppose.
Et puis voilà-t-il pas qu’une chanteuse cool que j’aime énormément — et dont j’avais déjà deux albums très sympas —  reprend cette chanson, à sa façon, très swinguante, dans son nouvel album !
Elle s’appelle Clémentine et a déjà publié vingt albums de style jazz, pop ou bossa avec des collaborations prestigieuses  comme Ben Sidran, Leo Sidran, Carlos Lyra, Marcos Valle, Roberto Menescal, Johnny Griffin, Niels-Henning Orsted Perdersen, Kenny Drew … et de nombreux grands musiciens japonais dont je ne connais pas les noms. Il faut savoir qu’elle a très vite été remarquée par Sony Music Japon qui lui a assuré une superbe carrière dans ce pays où elle est une icône. Elle y a vendu plus de quatre millions de disques ! Quatre millions !
Ce dernier album sur lequel elle a repris avec un immense talent Idéalisation (écouter ici) a été produit en France, avec un choix de titres pour le moins étonnant comme Le Mambo du légionnaire ou Cresoxipropanédiol en capsule de Jean Yanne, Domino, Les Flonflons du balMaria Ninguem en VO… Et toujours cette voix tout sourire, pleine de fraîcheur, super relaxante et positive dans cette monde de brutes. Un plaisir absolu. Une pause on ne peut plus cool. Superbe !

Texte © dominique cozette

 

Quiconque exerce ce métier stupide…

… mérite tout ce qui lui arrive. C’est le titre du dernier bouquin de Christophe Donner, sous-titré roman, car comme il l’explique dans le poste, il a recréé des situations, des dialogues, des mandales. C’est une explosion de situations cocasses, époustouflantes, denses entre trois hénaurmes figures du cinéma de papa, alias celui qui couvre le mitan des trente glorieuses, disons quinze.
Il a y l’inénarrable Rassam, Jean-Pierre, petit Libanais au père richissime, qui a l’ambition folle de bouleverser l’ordre mondial du cinoche. A force de fumette, de dope, d’excès à l’excès, il perd quelques neurones et finira mal, raide mort à quarante et quelques dans l’appart de sa femme, Carole b. dont il n’a pas fait connaissance dans le livre. Donc ce mec déborde de partout, bigger than life, il s’est fait toutes les putes de toutes les villes du monde, il a tout bu, de préférence les très grands crus de Bourgogne, il a sniffé tout ce qui était sniffable à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit. Il a produit, il a jalousé, il a surenchéri, il a joué un rôle énorme dans le cinéma de l’époque.
De même que Berri, Claude, fils de fourreur nommé Langmann, petit faiseur un peu ringard (dans le livre et selon Rassam) qui aime raconter sa vie à l’écran. C’est pas toujours réussi, mais quand ça l’est, c’est énorme. Il est tombé raide dingue de la sœur adorée de Rassam pour le plus grand malheur des deux. Elle l’aime à sa façon, pas forcément à la maison mais lui donne deux garçons. Elle est douloureusement prise en sandwich entre son frère et son mari qui ne trouveront jamais de terrain d’entente, feront route à part, crevant chacun d’être plus fort que l’autre à coup de millions, de stars, d’entourloupes.
Et le troisième larron, j’allais dire luron mais on en est loin, c’est le ténébreux Pialat, l’aîné, amer, haineux, d’avoir loupé la nouvelle vague. Lui, c’est la soeur de Berri qu’il conquiert tout en conservant femme et maîtresse, en les maltraitant. On a vu ce que ça donne dans nous ne vieillirons pas ensemble, que Jean Yanne a du mal à gober vu que le sienne, de femme, est en train de mourir, et qu’avec Rassam, rien ne va plus, le tournage est un véritable enfer.
C’est donc l’histoire (enfin, plutôt des snapshots) d’un mec qui est avec la soeur d’un autre mec dont la femme est la soeur d’un troisième. C’est bourré d’anecdotes écrites à un rythme insensé, ça défile comme un zapping en accéléré, c’est complètement dingue cette vie de ouf, ce fric, ces trahisons, ces ambitions démesurées, cette mauvaise foi à toute berzingue. J’ai dévoré. J’en veux encore, Mister Donner, please !

Quiconque exerce ce métier stupide mérite tout ce qui lui arrive de Christophe Donner chez Grasset. 2014. 232 p. 19 €

Texte © dominique cozette

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