Flamby, alias Fraise des bois, alias Bisounours et autres gentillesses momolles, vient de recevoir son costume présidentiel. Ça faisait des mois qu’il l’avait commandé, un peu avant les élections. Mais il attendait que son poids se stabilise pour en ratifier l’ordre.
Voilà, c’est fait.
Mais comment est-ce qu’on fabrique un costume présidentiel ? Cela consiste d’abord à tailler des costards à l’impétrant puis au nouvel élu, généralement c’est l’opposition, avec ses mains d’argent et ses langues de pute, qui s’en charge gracieusement. De tous bords, pas une mieux qu’une autre, hein !
Au bout d’un certain temps, le roi est nu. C’est ce qu’on dit aux médias de dire.
Une fois que le roi est nu, flûte, c’est quand même le président, il représente du monde, des affairistes, des financiers, des capitaines d’industrie, des grands sportifs, des exilés fiscaux, des artistes de cinéma et des fabricants de parfums et de camembert. Ça la fout mal, c’est la France qui en prend pour son grade. Alors on se demande ce qu’il faut bien faire pour rhabiller le chef – ne pas confondre avec habiller pour l’hiver.
Ce qu’il faut avant tout, c’est une menace physique, guerre, putsch, attentats.
Voyez Bush, cette lumière d’outre-atlantique, le président le plus ridicule du monde occidental. Il a suffi qu’il soit là. Où ? Là. En fait, il était dans une école, et il est resté tétanisé, bouche ouverte pendant 5 minutes, ne sachant comment réagir en l’absence de ses nombreux conseillers en réactions. Mais devant la gravité des faits de ce 11 septembre, sa bouche bée et son oeil torve ont vite était oubliés. Lorsqu’il a lu le texte qu’on lui avait pondu dans lequel il évoquait l’Axe du Mal et ses Armes de Destruction Massive, il a endossé le costume de président de plus grosse démocratie du monde. Clap clap clap.
Notre président d’avant, lui, a touché le jackpot avec la résolution d’un conflit géorgien alors qu’il était — chance extrême — président de l’union européenne. Clap clap clap.
Notre nouveau président (on a le droit de dire nouveau pendant un an) vient de recevoir son costard, sur mesures siouplait, avec les compliments de tout ce qui compte d’officiels, de têtes pensantes, de décisionnaires et ex-décisionnaires, en disant : « on y va ». A la guerre.
Je ne voudrais pas que vous pensiez que je critique la position de monsieur Hollande. Non. Ce n’est pas le sujet. Le sujet c’est : tous les médias aujourd’hui ont porté Hollande au pinacle parce qu’il avait lancé une action militaire. Tous. Tous les partis, plus ou moins, tous les occidentaux pratiquement. Monsieur Hollande a certainement beaucoup travaillé pour prendre cette décision, je ne dis pas.
Mais ce que je trouve drôle c’est qu’il « suffit » de déclarer la guerre pour prendre une hénaurme envergure. Il aurait pu faire des miracles, endiguer le chômage, enrichir les pauvres, enrichir les riches, faire redémarrer la boîte à Carlos (Ghosn), annuler la dette, obtenir un quatrième A, il n’en aurait pas été aussi admiré.
C’est pas pour autant qu’on va lui demander de mettre son treillis, de crapahuter dans le désert, d’appuyer sur la gâchette ou d’éventrer l’ennemi. Non, bien sûr. Le courage de ce genre de décision, ça n’a rien à voir, c’est complètement pas ça.
Ainsi l’homme, c’est toujours un petit garçon. Le goût de la guerre, des armes, des combats. Une drogue.
Pourquoi ?
Parce que c’est de l’adrénaline, du sang, du boucan, des tactiques, des explosions, des gros titres, des envoyés spéciaux, des bombardements, de la boue, des atrocités, des larmes, des honneurs, des médailles, des uniformes, de marches au pas, des casques, des victoires, des batailles, des images, des histoires, des héros, des traites, des lâches, des odeurs de poudre, des drapeaux, du métal, des barouds, des sacrifices, des vies risquées, gâchées, offertes, de l’honneur, de la virilitude, de l’intimidation, de la force, du recul, des cérémonies, de la merde, de la mort.
Le reste, évidemment, c’est de la gnognotte…
Texte et peinture © dominique cozette