C’est pas parce qu’on a rien à dire qu’il faut fermer sa gueule #1

Célèbre phrase d’Audiard, Michel, reprise par l’obscur réalisateur Jacques Besnard pour faire son fil éponyme en 1975 d’une haute teneur intellectuelle et philosophique avec, pour héros, Max et Riton, minables escrocs, et pour vedettes Lhermitte, Jugnot et Clavier (et aussi un certain Bob Asklof, ex-chanteur bellâtre suédois dont j’avais affiché le portrait dans ma chambre en 1963). Très drôle peut-être, je ne sais pas.

Comme vous le subodorez, cette  rubrique sera uniquement dédiée à tous ceux qui estiment que ça mange pas de pain de lire des conneries, surtout celles dont on n’a rien à foutre. Quoique.

Aujourd’hui : la pensée américaine.
Atttttention, la pensée américaine, sujet très sérieux.

C’est dans les films US en VF — que je ne regarde que par erreur, mais aussi dans les interviews et commentaires doublés en français qu’on repère immédiatement qu’elle n’est pas comme la nôtre, la pensée américaine. Car traduite pratiquement mot à mot, elle ne ressemble pas aux valeurs intellectuelles dont on a sucé le lait. L’expression qui m’a fait tilter ce matin se trouve dans une interview d’une lutteuse devenue comédienne : « Quand Soderbergh m’a appelée, je ne savais même pas qui il était. Je ne suis pas une de ces personnes qui restent dans la salle jusqu’au générique de fin ».

Ben moi, je ne suis pas une de ces personnes qui gobent tout dans réfléchir et il se trouve que cette expression et ses variantes (je ne suis pas le genre de types qui défouraillent sans s’excuser, je ne fais pas partie de ces femmes qui avortent toutes les cinq minutes…) est ultra-clivante, voire dichotomisante : dans la vie, il y a deux sortes de gens, ceux qui baisent et ceux qui se font baiser (sous-entendu : devinez où je me place ?). Autres propositions clivantes : voir Google ici.

C’est donc toujours moralisateur, restrictif ou communautariste, la personne qui émet la chose se situant of course dans la bonne catégorie. Donc dire Je ne suis pas une de ces personnes qui restent dans la salle jusqu’au générique de fin sous-entend que ces personnes aïe aë aïe, ce que c’est craignos que de regarder qui a coaché les crapauds du lac, quel stagiaire a véhiculé les comédiens, quelle équipe a réalisé la patine, quelle société de cantine a nourri tout ce monde, quelle assurance la prod a choisi pour couvrir les weather days et quel couturier a fabriqué les hardes de mademoiselle truc. Je m’en tape mais à un point…Qui ça peut intéresser ?

Ça peut vouloir signifier aussi Je ne suis pas une de ces personnes qui restent dans la salle jusqu’au générique de fin parce que moi, vous comprenez bien que j’ai vraiment beaucoup de choses à faire, les enfants, les animaux, les courses, mon entraînement, le temps passe tellement vite que si on commence à mal le gérer, on peut dire adieu au reste…

Ou encore : je ne comprends pas pourquoi des tas de gens regardent les génériques, quelqu’un peut-il m’expliquer (très américain aussi, ça) pourquoi il faudrait attendre la fin de ce déroulant ?

FIN
Un article de Dominique Cozette.
d’après un papier des Inrockuptibles peut-être, faut voir
tapé sur ordinateur Mac Book Pro 15 pouces
blog sur Worpress, mis en place par Factor-i
etc etc
car je ne suis pas ce genre de personne à vous emmerder avec le générique de tout ce qui par quoi ça a été possible et les mercis et les blablas.

Texte et peinture © dominique cozette

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