Avec mon polymorfalisme, moi aussi, je veux exposer dans les DRAC et les FRAC !

Une liste d'ingrédients toujours plus exponentielle

Oui, moi aussi, je suis une artiste conceptuelle digne d’être exposée dans un organisme dépendant du Ministère de l’Aculture. La preuve : ce nouveau concept de polymorfalisme. J’ai même l’explication qui va avec, des fois qu’on ne comprenne pas ce que je — l’artisse — ai voulu dire. Voici donc :
Cozette poursuit sa  critique de la société occidentale contemporaine en créant le polymorfalisme, sorte de cannibalisme effréné parti de l’universel, alias l’extralibéralisme et son totem [ la page économique de tout organe de presse qui se respecte ], à l’individu, marqué dès le plus jeune âge par l’infinitude des demandes possibles d’incorporation de tout objet — tout consommable — et de sa nécessaire satisfaction qui passe par l’oralité, donc comestible. Tendance grandissante et surtout grossissante puisqu’elle va de pair avec l’obésification non seulement du corps mais surtout du soi, hypertrophie bien connue — et pratiquée — de l’ego de tout un chacun.
Dans la présente exposition où l’on ne peut qu’être frustré par l’impossibilité d’ingurgiter le moindre produit, le visiteur-consommateur est confronté aux rites des anciens qui, dans une probable archéologie, étaient interdits d’appropriation d’un bien dès lors que le Dieu / le Sorcier/ le Chef / le Puissant y avait apposé son dévolu. Où, peut-on le formuler ainsi, le mâle dominant avait (et a presque universellement) droit de cuissage / fouissage / puisage sur l’ensemble des biens de la tribu-société.
Afin d’exacerber les désirs polymorfaliques du public [ on aura noté la cryptoétymologie  phonique des termes « mort-phallisme » ] , Cozette a opté pour un hyperréalisme sensoriel des objets. Exemple : les aliments frais le restent grâce à un mécanisme frigorifiant interne, générateur de rosée, comme s’ils sortaient d’un réfrigérateur. Le champagne, dans ses flûtes géantes bordées d’une généreuse trace de rouge à lèvres, pétille inlassablement,  et les gigantesques pâtisseries parfois entamées sont une invite irrépressible à y mettre, non le doigt, mais la main entière tant les ingrédients crémeux semblent authentiques.
On aura compris qu’à l’issue de ce déballage hénaurme, le dégoût sera de mise comme si rien ni personne ne pouvait venir à bout de la spirale centripète qui occupe l’hémisphère nord, tandis que l’hémisphère sud  totalement sous-représenté dans ce méga-cirque ultra-consommationniste, continue de crier famine à destination d’une mère nourricière parcimonieuse toujours aussi hermétiquement sourde.

Texte et photo © dominiquecozette. Modèle : A.K.A.N.

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