De mon temps

De mon temps, on avait peur que les romanichels enlèvent votre bébé.
De mon temps, les femmes allaitaient les bébés, dans les lieux publics, au vu de tous.
De mon temps, si on appelait quelqu’un par son prénom, il disait : Quoi ? On répondait je t’appelle pas, j’appelle mes oies.
De mon temps, c’était un luxe d’avoir une salle de bain. On se lavait les cheveux toutes les semaines ou tous les quinze jours, en principe le dimanche, le séchoir n’existait pas. On ne se lavait pas les cheveux quand on avait ses règles. La plupart des gens avaient les cheveux gras à partir du mercredi. Le peigne y laissait ses traces.
De mon temps, on allait pique-niquer le dimanche. La campagne était aux portes des villes et on l’atteignait sans encombre, sans embouteillages et sans Bison Futé. Il y avait déjà des imbéciles qui préféraient s’installer au bord des nationales.
De mon temps, on allait souvent à la quincaillerie.
De mon temps, les gens avaient des goitres ou ils boitaient. Tout le monde connaissait la malformation congénitale de la hanche, affection typiquement bretonne. On voyait encore des anciens combattants avec une jambe de bois.
De mon temps, il fallait remplir sa chaudière de charbon deux fois par jour et vider le tiroir aux cendres. Il y avait beaucoup de charbonniers en activité dans les rues.
De mon temps, les coton-tige n’existaient pas. On enroulait un bout d’ouate au bout d’une allumette et on changeait l’ouate pour l’autre oreille. Tout le monde possédait des allumettes chez soi pour allumer le poêle.

Texte © dominique cozette

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