A la station Franklin-Roosevelt de la ligne n°1, Vincennes-Neuilly en 1963, j’attendais avec ma copine. J’avais confectionné une sorte de palmier sur la tête à force de crêpage et de pinces. On sortait de Salut les Copains où nous avions réussi à nous introduire grâce à notre culot, à nos physiques plutôt agréables et le goût de Daniel F. pour les jeunes filles qui nous fit monter au studio pour assister à l’émission. C’était très excitant. J’y revenais très souvent, les parents ne rentraient jamais avant vingt heures à la maison. J’ai vu défiler un paquet de vedettes, j’ai assisté au lancement de Cloclo quand il a été chouchou, j’ai été assise près de Gene Vincent (le seul à qui j’ai demandé un autographe) et vécu plein d’autres choses assez rigolotes.
Un jour de juillet, ma copine vient dormir à la maison. Nous avons l’autorisation, chose rare, d’assister à Intervilles qui opposait Nogent à St Maur. Ça se passait en fait à la Varenne, très loin de Joinville donc. Nous avons pu nous repaître de ce spectacle imbécile, Léon Zitrone et Guy Lux, des noms qui font rêver ! mais qui nous offrait l’occasion d’une escapade. Nous rentrâmes à pied, on n’était pas motorisées, refusant de monter dans les Dauphine, R8 et autres Simca 1000 qui s’arrêtaient pour nous emmener, nous savions que c’était risqué et interdit, et nous arrivâmes chez moi bien après minuit.
Mon père était dans une colère noire. On eut beau lui expliquer que nous serions rentrées plus tôt si nous avions désobéi, rien n’y fit. Nous fûmes sévèrement punies pour le lendemain : interdiction de sortir du jardin, d’aller draguer du côté des baignades ou faire du shopping au Prisunic de Champigny.
Nous restâmes sur la pelouse où nous eûmes la brillante idée de broder la mascotte Chouchou sur nos tee-shirts, un blanc et un noir, et ainsi de faire sensation à l’émission avec cette innovation.
Texte et image © dominique cozette