C’est toi ma maman ? est un roman graphique, une autobiographie dessinée par Alison Bechdel. Alison Bechdel n’a pas eu une enfance très joyeuse. Les problèmes de genre lui ont un peu pourri la vie bien qu’elle n’en fût pas consciente. Son père était homo, sa mère en avait honte et en était très malheureuse. Il se trouve qu’Alison est aussi homosexuelle, elle s’en aperçut au grand dam de sa mère qui ne voulait pas en entendre parler. Sa mère, c’est pas qu’elle n’aimait pas sa fille mais elle ne le lui montrait jamais alors qu’elle aimait câliner ses petits frères. Elle arrêta tout baiser et tout contact charnel avec Alison lorsqu’elle eut 7 ans « trop grande pour ça ». Bref, c’était bien encombrant tout ce passé et la meilleure façon de mieux vivre avec, c’était de le raconter.
Alison a déjà écrit/dessiné un premier roman graphique sur son père, Fun home, (je ne l’ai pas encore lu) en 2006, qui fut un succès. Elle récidive donc à la grande inquiétude de sa mère qui a encore honte, cette fois qu’on les reconnaisse puisque Alison ne veut pas prendre de pseudo. Néanmoins, leurs rapports ne sont pas si mauvais, chacune faisant un gros effort pour tenter d’essayer d’arriver à comprendre l’autre. Hou ! Mais ce n’est pas simple.
La lecture de ce gros livre dessiné pas simple non plus car Alison y fait intervenir Winnicott, le célèbre pédiatre anglais qui décrivit l’objet transitionnel et inventa le self, cet autre moi qui pallie l’insuffisance de la mère suffisamment bonne. En gros.
Interviennent aussi Virginia Woolf et son journal, un peu de Proust, du Seuss et une pincée de Freud à la rescousse de cette artiste qui narre par le menu certains épisodes de ses séances de psychanalyse et de ses transferts un brin difficiles à assumer.
Néanmoins, on cerne le personnage qui nous apparaît comme tellement fragile et désireux de se comprendre qu’on ne peut pas ne pas être ému par son long parcours du combattant. C’est assez clair ? Mmmm…
C’est toi ma maman ? « un drame comique » d’Alison Bechdel. Editions Denoël Graphic. 2013 pour l’édition française. 310 p. 24 €
Texte © dominique cozette