Souriez, vous lisez Smile !

Smile est le dernier bébé de Roddy Doyle, écrivain irlandais de Dublin, qui avait déjà connu un grand succès avec The Commitments ou The Van. Smile nous raconte l’histoire assez complexe de Victor, la cinquantaine, qui revient au pays et essaie sans succès de renouer avec les vieux copains du collège catho, beaucoup sont morts ou partis. Et lui était plutôt un souffre-douleur. Il vient de rompre avec une superbe femme, célèbre car elle travaille à la télé, plutôt, c’est elle qui a rompu. Il se retrouve dans un immeuble genre habitat social où vivent les réfugiés, essaie d’écrire enfin son livre, et passe ses soirées au pub où il tente de se faire accepter par une bande d’habitués, ceux qui boivent de la bière et flirtent gentiment avec les femmes mûres. Mais un type, esseulé et arrogant, lui met le grappin dessus. Il s’appelle Ed et semble bien connaître Victor puisque, soi-disant, il était au collège. Dans ce collège, les garçons ont tous subi les agressions sexuelles des « frères », plus ou moins fréquentes ou sérieuses. Ed lui rappelle que le petit Victor avait un sourire (d’où le titre du livre)qui plaisait à l’un des frère et qu’il fut longtemps surnommé le pédé à cause de ça. Et puis il lui rappelle que sa sœur (la sœur d’Ed) était très amoureuse de lui. Victor tente de rappeler ce passé, ça revient petit à petit, chaque jour un peu plus.
Dans ce livre, on passe beaucoup de temps au pub, on les écoute parler, faire des blagues de plus ou moins bon goût, parler des femmes. Il devient un peu la vedette depuis qu’on sait qu’il vivait avec la fameuse Rachel. Ça pose son homme. On revit aussi les années scolaires très désagréables, la tension créée par les frères, la honte. Puis on l’écoute évoquer sa superbe femme, leur belle entente sur tous les plans, sexuel en particulier. Puis on revient au présent où il n’est plus grand chose et où il semble avoir loupé quelque chose. Le fameux Ed continue à le harceler, il ne peut pas s’en débarrasser. Et pour cause ! On le comprendra à la fin.
On redécouvre aussi au long de ce roman comment les cathos mènent le jeu, comment l’interdiction d’avorter colle à la vie quotidienne, comment les femmes, comme les petits garçons face aux curés pédophiles, ne sont que quantités négligeable quand il est question  du plaisir des hommes.
Un livre très vivant, très riche en tout petits détails de la vie intime et des pensées, un peu amer aussi, forcément.

Smile de Roddy Doyle, 2018 aux éditions Joëlle Losfeld. Traduit par Christophe Mercier. 250 pages, 19,50 €

texte © dominique cozette

 

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