Quand t'es dans le désert…

Rose désert est le deuxième roman de Violaine Huisman (fille de) où elle raconte… Violaine dans le désert. Elle ne dit pas, dans les interviews, qu’il s’agit d’elle mais oui, pourtant, sa mère bipolaire, son père, ses lieux d’habitation, etc. Donc Violaine, même pas la trentaine, pour échapper à un violent amour toxique, un mec qu’elle adore mais dont elle pense qu’il ne l’aime pas et qui la baise avec brutalité, qui travaille dans l’édition, comme elle, à New York, donc décide de se rendre à l’invitation de sa soeur qui fête ses trente ans à Marrakech avec faste. Ce sera son point de départ. De là, elle enchaînera sur un périple africain qui la mènera, sans aucune préparation, à Dakar où vit depuis peu, sa foldingue de mère, mariée à un Africain. On aborde le voyage par Nouakchott en  Mauritanie où Violaine, sans aucune réticence,  se laisse guider par un homme plus âgé, Serge, buveur de bière dès le matin, qui va la transbahuter où elle veut. Ce qu’elle veut, c’est aller voir une vieille ville de sable. Entre temps, un soir, elle se laisse embringuer par un splendide mec en Porsche, alors qu’elle est déjà ivre. Il lui fait prendre des substances dans la boîte clandestine où il l’entraîne. Cette fois, elle a peur. Au matin, elle se retrouve dans son lit à l’hôtel, ses affaires bien pliées, dans un état lamentable, ne se souvenant absolument de rien.
A Dakar, la surprise sera forte : le mari de sa mère, déjà, pour lequel elle ressent un véritable choc, puis l’endroit où ils vivent. Mais sa mère est à Paris, pour se soigner. En fait, elle se suicide.
Bref, des mésaventures de toutes sortes entre lesquelles elle raconte ses histoires d’amour d’avant et surtout celle avec lui, le fameux toxique. Il est beaucoup question de sexe dans son vécu. Une fille plutôt instable, qui compte parfois sur son père pour s’en sortir mais son lourd passé, avec cette mère bipolaire fantasque dont elles devaient s’occuper avec sa soeur, depuis toutes petites l’excuse.
Ce roman très bien raconté, sec, emporté, sans concession de l’écrivaine par rapport au personnage qu’elle campe se compose de trois parties : en premier, elle dit je, raconte son voyage en direct, ses réminiscences, ses sensations, ce qui l’a amenée à ça. La deuxième partie relate sa vie, écrite de facçon factuelle à la troisième personne, ses parents, son enfance, une rupture curieuse de style mais qui complète le portrait, qui l’encadre. En trois, le je revient pour boucler le voyage. Ce n’est pas toujours facile de savoir à quelle tranche de sa vie elle en est à cause de nombreux flashes-back, sans être réellement gênant.
Un livre très attachant qui m’a donné envie de lire le premier roman centré sur sa mère.

Rose désert de Violaine Huisman, 2019 aux éditions Gallimard. 236 pages, 19 €

Texte © dominique cozette

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