Couperose, poil dans les oreilles ou dans le nez, poils sur les jambes, frisés blonds ou drus bruns, taches de naissance, taches de soleil, peau transparente avec veines apparentes, rougeurs, pores dilatés, alopécie plus ou moins discrète, grains de beauté, taches de rousseur, naevi, pendulums et autres imperfections de l’épiderme, peau blanchâtre, rosâtre, rougeâtre, beigeasse ou black, petites veines rouges dans le globe oculaire, varicosités, stigmates arthritique aux doigts, ongles épais et jaunes ou jolis et brillants, corne sous la plante des pieds, peau épaisse aux coudes, rides et ridules, bouffissures, duvet des visages ou rasage approximatif… ce sont les personnages fascinants de Ron Mueck qu’on ne se lasse pas de scruter. La changement d’échelle y est aussi pour beaucoup dans l’étrangeté, soit qu’ils soient minus soit gigantesques, dans les deux cas l’échelle est respectée, même celle du tissage des vêtements, de la taille des boutons de jeans, des lacets de chaussures, de la maille des tee-shirts.
Beaucoup de tendresse émane de ces personnes vraies comme un souvenir. L’immense couple âgé en maillot de bain sous le parasol, deux géants qui s’appuient l’un à l’autre avec confiance et intime connaissance de leur poids sur le corps de l’autre. La maman qui tient ses sacs plastique pleins de provision et son petit calé sur son ventre, la tête sortie de l’échancrure du manteau, tendue vers elle comme celle d’un oisillon duveteux en attente de becquée. Le jeune black qui soulève son tee-shirt pour montrer sa blessure. Et quelques autres, tout en finesse, en précision, en émotion. Epoustouflant, le travail minutieux, répétitif, fragile, montré dans la vidéo. Quelle belle expo !
Plus de détails sur le site de la Fondation Cartier. Ron Mueck, jusqu’au 29 septembre 2013
Texte ©dominiquecozette