Les locataires de l'été

Les locataires de l’été de Charles Simmons, m’a été conseillé par un ami écrivain. Merci à lui car c’est un livre charmant, très agréable, très frais, très vacances justement même s’il commence par une phrase terrible : « C’est pendant l’été de 1968 que je tombai amoureux et que mon père se noya ». Je dis agréable car il est clair, simple, écrit de façon fluide, avec de très bonnes parties dialoguées où l’on trouve des pépites sur la vie, l’amour, la mort comme dirait un réalisateur du bord de la Manche.
Le héros, Michaël a seize ans cet été-là et, pour une fois, des nouveaux locataires occupent le pavillon dépendant de cette maison destinée à être reprise par l’état,  bâtie, comme quelques autres, sur une courte langue sableuse de la côte atlantique des Etats-Unis auxquels elle appartient. Même si ça rappelle un peu l’ambiance des romans de Fitzgerald, c’est très peu habité. Un vieux monsieur fait la navette avec son engin car il n’y a pas de moyen de transport qui la relie à la côte. Ce qui n’empêche pas des fêtes ou la venue d’amis.
Les locataires en questions sont une très belle femme, très séduisante, sa fille de vingt et un ans, très attirante elle aussi et leur chienne. Dans la maison principale, le jeune homme, travaillé par ses hormones, bien sûr, mais plus sur le mode des sentiments que du sexe, le père, très bel homme aussi qui ne rechigne pas à faire le beau, et la mère, forcément jalouse mais avec modération. Et leur chien qui bien sûr, va aller renifler la femelle, s’échiner sur elle à la manière d’un jeu. Pourtant, il est trop petit en taille pour lui faire son affaire. Serait-ce pour montrer au garçon que lui aussi est un peu petit ? On ne sait pas.
Il y a donc des histoires qui se tissent entre ces gens plus les invités, une très jeune poétesse amoureuse de Michaël, un copain qui met les pieds dans le plat et d’autres par lesquels tombent des conseils ou se devinent des secrets. Comme la ville où ils habitent tous n’est pas loin, il se trouve que chacun de ces personnages s’y rend, parfois à l’insu des autres. Et chacun de s’interroger sur qui rencontre qui. Mais surtout qui est amoureux de qui.
La jeune fille se joue de Michaël, sans méchanceté, le père approche d’un peu près la mère de la fille, sans trop d’insistance, et les bains de mer et les tours sur le petit voilier font de belles diversions. Parfois. Le titre anglais, salt water fait référence à la mer mais aussi aux larmes versées.
J’ai vraiment beaucoup aimé cette ambiance. Dommage que cet auteur écrive aussi peu.

Les locataires de l’été de Charles Simmons. 2022 chez Libretto. (2017 pour l’original Salt Water, traduit par Eric Chédaille). 156 pages, 8,30 €. Edward Hopper est l’auteur de la peinture en couverture.

Texte © dominique cozette

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