La super série de l’été, « monkey bizness », est très bien foutue car elle commence doucement, entre une vieille riche et un pas jeune gigolo, bon. Puis la fille unique de la vieille dame (plus très jeune et très riche) dépose plainte contre eux, re-bon. Puis l’intrigue se faufile, par la traîtise d’un domestique grassement payé et la trahison d’une comptable effacée, dans les arcanes du pouvoir d’une république bananière qui ne s’assume pas, bien que se disant « décomplexée ». Le suspense monte progressivement, les haines s’attisent, les démentis pleuvent, suivis immanquablement de faits accomplis, et les ministres tombent.
De flashes back en flashes back, on se retrouve dans des chasses, sur des yachts, dans des banques suisses, des avions privés ou des demeures cossues, tout ça pour faire rêver les chalands que nous sommes. Et qui, jaloux des privilèges dont jouissent ces gens, ne souhaitent qu’une chose : leur chute. Dans des conditions de préférence humiliantes. Si les scénaristes sont bons, on devrait voir des têtes au bout de piques brandies par un petit peuple revanchard mais à la fierté retrouvée lors d’une populo-pride finale.
Un des teasings de cette série me fait hurler de rire : la vieille riche, très généreuse, avait prévu d’offrir un bateau au gestionnaire de sa fortune, mais elle l’avait un peu oublié. La façon dont il le lui a rappelé est tellement drôle et pitoyable : « Est-ce que vous avez toujours envie de me faire un cadeau ? Ça me permettrait de m’acheter le bateau de mes rêves. » (Les dialoguistes sont top).
Deux choses quand même. Un: ça manque de cul. Les scènes de sexe entre la vieille dame et le gigolo sont coupées au montage (« pas glamour » a dit le responsable de la chaîne du service public). Et jusqu’à présent, il n’est pas question de séduction, de putes, ou autre ingrédient excitant : ça va probablement venir mais on ne soupçonne pas d’où (très fort, ça, coco »).
Deuxième chose très très ennuyeuse : c’est nous, le public passivement interactif, qui finançons de façon occulte cette saga. Chaque fois que nous achetons un shampooing colorant Garnier, une crème Lancôme, un yaourt Sveltesse, un pack Perrier, ou que sais-je, nous enrichissons la vieille dame qui refile une partie de cette thune au parti qui a porté le Président de la république bananière au pouvoir. C’est un peu fort de café (Nestlé). Heureusement que ce feuilleton me scotche, franchement, pour quelques euros, il le vaut bien.
Texte et dessin © dominiquecozette
Quel talent cette COZETTE!!!!
En plus les télés n’ont pas déboursé un kopeck pour ce scénar
plus vrai que vrai.
Et nous, ben oui, ça coûte un brin ou un bras mais que c’est bon
de voir tous ces salopards un peu englués…
Je ne vote pas, je ne peux pas, mais qu’ils crèvent tous.