Il est l’un des auteurs norvégiens les plus lus dans le monde, il a eu plein de prix et ce roman, je refuse, vient de sortir en France. Je ne sais pas qui refuse quoi, d’ailleurs. C’est un livre polyphonique, c’est à dire à plusieurs narrateurs dont les deux principaux sont deux amis d’enfance qui vont suivre des voies totalement différentes.
Le premier, Tommy, est l’aîné d’une fratrie maltraitée par le père, éboueur. La mère les a abandonnés brusquement sans jamais donner de nouvelles et le père, violent, s’est acharné sur eux sans pitié, la soeur proche de Tommy et deux petites jumelles. Jusqu’à ce que Tommy décide que cela avait assez duré, il aime tellement ses sœurs. Hélas, après leur placement dans différentes familles, il n’aura plus vraiment le droit de les visiter à cause de ce qu’il a fait au père. Mais ils vivent tous dans le même petit bled et personne ne l’empêchera de voir sa sœur quand ils en ont envie.
Tommy devient le voisin de Jim, de son âge, très beau garçon fragile, couvé par sa mère, à la santé vacillante, souvent à l’hôpital.
L’histoire de ce petit monde très lié, puis très délié, est raconté en chapitres datés, dans le désordre, de 1966 à 2006, date à laquelle Jim et Tommy essaieront de se retrouver. Jim a raté sa vie. Pour Tommy, ce n’est pas terrible mais professionnellement, il a fait très fort. Et il semble repartir sur de nouvelles bases, des sentiments qu’il ne connaissait pas.
Quant au père et à la mère, leur destin est plutôt tragique.
Ce livre est émouvant, finement écrit. On s’attache tout de suite aux personnages car ils sont croqués de façon incisive et précise. Voilà.
Je refuse par Per Pettersen chez Gallimard, 2014 (2012 pour la VO). Traduit du norvégien par Terje Sinding. 270 pages, 19,50 €.
Texte © dominique cozette