Brigitte Giraud et son petit héros

Le dernier opus de Brigitte Giraud, Nous serons des héros, met en en scène un jeune garçon, Olivio, qui vit entre son père et sa mère au Portugal. Puis on lui raconte que son père est parti travailler loin. En fait, il est emprisonné par le gouvernement Salazar puis exécuté, comme opposant au régime. Le garçon l’apprendra plus tard. Pour l’instant, il s’agit de fuir avec sa mère et un tout petit chat, en France, du côté de Lyon, chez sa soeur qui vit en couple. L’installation, provisoire et précaire, s’étire car, sans papiers, elle ne peut pas travailler. C’est pesant pour tout le monde.
Ça s’arrange enfin quand sa mère rencontre un homme. Elle se remet à vivre, à sourire, à exister. Ils s’installent chez lui, Olivio aura sa chambre, mais le chat est interdit, il doit rester dehors. Ce beau-père, rapatrié d’Algérie, plein d’amertume auprès de son ex-femme qui a le pouvoir sur lui puisqu’elle a la garde de son fils, n’aime pas Olivio. Il le brime de façon discrète, non violente mais pénible. Il est parfois violent aussi lorsqu’il boit et la mère le craint. Elle n’ose pas intervenir lorsqu’il est injuste.
Olivio s’est fait un ami à l’école, Ahmed, un rapatrié algérien mais n’a pas le droit de le recevoir. Olivio n’a pas d’autres amis parce qu’il ne fait le le poids, pas assez sportif, casse-cou.
En 74, c’est la révolution des œillets au Portugal. D’un seul coup, la mère devient plus forte, cesse de s’effacer. Elle demande à l’homme de passer les vacances au Portugal l’été suivant, mais il ne veut pas, son garçon ne peut pas être loin de sa mère. Olivio va y aller avec sa tante et son oncle. Il va découvrir enfin les lieux de son père, mais, curieusement, il ne ressent rien. Rien de ce qu’il espérait ne se produit dans son pays. Il va revenir à Lyon, plus fort, mieux armé, et décide de ne plus se plier aux exigences d’un homme qui ne l’aime pas.
Ce n’est pas un livre à suspense mais plutôt à ambiance. On s’attache à ce gamin qui n’est pas martyrisé mais lourdement méprisé. Ses relations avec Ahmed sont assez équivoques, c’est son seul ami. Le livre se termine brutalement, on aurait aimé une page de plus. C’est un récit âpre et bien construit, qui ne gnangnantise pas sur l’enfance.

Nous serons des héros de Brigitte Giraud aux éditions Stock. 2015. 197 p. 17,50 €.

Texte © dominique cozette

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