"Pascale Ogier ma sœur" naissance d'un livre.

Emeraude (ma fille) a adoré sa grande sœur Pascale Ogier, et c’était réciproque. Quand celle-ci a disparu, le chagrin a été immense, et le manque toujours cruel. Plus tard, lorsqu’elle a pensé faire un livre, elle a longtemps hésité à en parler à Bulle, craignant de la choquer avec ce projet en réactivant sa blessure. Et puis, en août 2011, elle a envoyé une lettre touchante à Bulle, la lettre qui ouvre le livre.

Bulle travaille beaucoup, théâtre, cinéma, déplacements divers. Bulle est une bulle de gentillesse, d’attentions aux autres, d’ouverture. Ce projet l’a emballée. Que  la « renaissance » de Pascale soit faite par quelqu’un de proche, en qui elle a confiance et avec qui elle peut échanger, lui a paru comme idéal. Et à partir de là, elles ont échangé sur ce projet, Bulle a ouvert les cartons de l’enfance et de l’adolescence de sa fille, a re(découvert) toutes sortes d’objets qu’on lui avait remis, ses collections, ses écrits, ses photos…

Et le 13 janvier 2013, elle en a emporté une bonne partie chez Emeraude, des centaines de petits trésors qui constituent une vie et qu’elles ont découverts ensemble. J’étais là aussi par amitié pour Bulle et en souvenir de Pascale que j’avais tellement aimée. J’y ai découvert ses talents littéraires, ses notes de tournages, ses listes… J’ai fait quelques photos. L’émotion était palpable, comme disent les journalistes, l’étonnement surgissait parfois, les sourires jaillissaient quand des petites choses touchantes, naïves, enfantines sortaient des boîtes.

Ensuite, la conception-même a pu commencer. Emeraude, graphiste et DA, pouvait avancer seule dans la fabrication. Elle a interviewé ceux qu’elle connaissait déjà, ami.e.s, cousins et cousines, et avec le soutien permanent de Bulle, a pu contacter les personnes qui avaient compté pour Pascale, artistes, photographes, gens de théâtre et de cinéma, journalistes. Les trouver, via Linkedin, via FaceBook, via Bulle, réussir à les contacter, réussir à obtenir un rendez-vous quand on n’est pas connu, les interviewer etc, puis organiser le fil du livre, tenter un ordre anti-chronologique, puis non, puis si, s’apercevoir que Pascale a vécu énormément de vies, que les documents sont d’une richesse incroyable pour une jeune femme disparue si jeune, accommoder l’image sage qu’on a souvent d’une grande sœur à celle d’une guerrière très souvent citée –  les photos en témoignent – sélectionner les lettres, fragments d’écrits ou de carnets, cartes postales, bouts de listes – Pascale faisait énormément de listes – tout cela l’a habitée pendant des mois et des mois.

Sans parler de la recherche d’un éditeur, mince affaire, et de quelques mécènes, bienfaiteurs ou soutiens de ce projet ambitieux.  Des larmes d’impuissance parfois face aux refus justifiés par le manque d’audace des éditeurs, du découragement, mais toujours ce besoin d’y arriver. Pour Bulle, pour Pascale, pour elle-même. Et la joie lorsqu’une étape était franchie, ou qu’une personne importante avait donné son accord, ouvrant la voie à d’autres.
Puis enfin, la rencontre avec un éditeur audacieux, Patrick le Bescont, créateur de Filigranes Editions, spécialisé dans l’édition photographique et l’édition d’artistes, soignant la fabrication, l’impression, beau papier, tranche tamponnée, pour un superbe résultat de 352 pages, trois cent quarante et une images, et contributions précieuses de nombreuses personnalités, de figures incontournables des années Palace. Un trésor pour ceux qui voulaient en savoir plus sur une jeune actrice devenue une icône.


Pascale Ogier ma sœur
par Emeraude Nicolas, novembre 2018 aux éditions Filigranes. 352 pages. 1,7 kg. 40 €.

Deux superbes article dans Vanity Fair du mois dernier
: clic ici et Libé du 16 novembre : clic ici.

Texte © dominique cozette. Photo 1 DR. Autres photos © dominique cozette

La symphonie du hasard 1, 2 et 3.

J’ai pris le tome 2 de la Symphonie du hasard de Douglas Kennedy à la médiathèque sans savoir qu’il y avait un tome 1 mais il se laisse parfaitement lire même quand on ne connaît pas les tenants et aboutissants du premier livre. Le thème de la trilogie : suivre le parcours d’une jeune Américaine , de 16 ans,  jusqu’à la trentaine, de sa famille, ses névroses, ses dissensions, ses trahisons, ses bons moments aussi. Passionnant.

Le tome un commence par la fin : Alice est devenue éditrice à New-York. Tout n’est pas rose, notamment concernant sa famille : elle doit rendre visite à son frère Adam, au parloir de la prison à où il purge une peine de 8 ans. Elle revoit sa jeunesse des années 70. Le livre commence par « toutes les familles sont des sociétés secrètes » et va le démontrer car chez elle, comme chez tout le monde, il y a des non-dits, des règles implicites, des intrigues, des secrets. Elle est née des amours jamais manifestes d’une mère juive, autoritaire et dépressive et d’un père catho irlandais, tous deux peu tolérants, étroits d’esprit. L’histoire commence quand elle est en fin de secondaire, les petites guéguerres entre clans des terminales, humiliations, lois du plus fort. Son amie principale se fait maltraiter, vraiment violemment, probablement jusqu’au viol et on ne la revoit plus. On retrouve juste son vélo et plus rien. Le petit copain d’Alice décide d’agir et révèle cette violence à la presse. Scandale ! Il y a des exclus, des condamnés. Plus tard, Alice rejoint l’université, un campus plutôt artistique et elle y est heureuse, il y a tant de personnalités intéressantes ! Elle devient fan d’un super prof, elle se fait des amis, elle pense même y rencontrer l’amour solide en la personne d’un footballeur … très fin et cultivé.  Mais, là, ça continue : les violences contre les homos, les Noirs, les faibles ne désarment pas, des vies se jouent à ce moment de jeunesse. Pour ceux qui, comme moi, ne connaissent pas le mode d’emploi des campus, c’est très instructif. Très descriptif avec des scènes de vie ordinaires et beaucoup de théories de l’époque bien visualisées. On y retrouve la presque insouciance de la période post-hippy, les excès nouveaux, les soûleries, la dope, la musique aussi, le besoin d’expression.
Mais les secrets de famille continuent à fissurer l’édifice. Alice apprend ce qu’il s’est passé exactement lorsque son frère Adam a eu son accident où son ami noir est mort. Ce qu’elle trouve horrible, c’est qu’elle devient, par le fait, complice d’une sale histoire qu’elle ne peut dénoncer. Parallèlement, elle soupçonne son père, toujours parti au Chili où il gère « sa » mine, d’avoir largement participé au coup d’état de Pinochet et d’y avoir mêlé son frère Adam. Quant à Peter, son frère pro-Allende, il estaussi  au Chili, mais dans l’autre camp, là où on risque dorénavant sa vie. Un grand froid s’est glissé entre elle et lui lorsqu’elle l’a surpris au lit avec une pétasse du campus alors qu’elle l’attendait.
L’année scolaire n’en est qu’à son premier tiers lorsque des événements gravissimes se produisent au campus, réduisant à zéro tous les plans qu’elle tirait déjà. c’est pourquoi, elle prend la décision de finir son année scolaire en Irlande.

Le tome 2 respecte l’unité de lieu : il ne se situe qu’en Irlande, par l’arrivée de l’héroïne, Alice, à Dublin où elle ne connaît personne et où elle doit passer son master. Venue des Etats-Unis, elle a voulu mettre un océan entre sa famille et elle. On saura pourquoi au long du livre, trahisons, haines, divergences politiques profondes… On assiste à son installation dans ce lieu où les « Amerloques » sont mal vus et où l’IRA est omniprésente. Ce sont les années 70, encore vaguement idéalistes, elle n’a pas beaucoup d’argent, son père avec qui elle est fâchée lui en donne peu, sa mère ne l’aime pas, ses frères sont au Chili, l’un suit son père pro-Pinochet, l’autre fait la guerilla. Puis une revenante frappe à sa porte et là, les très gros ennuis commencent.
En même temps, grâce à quelques amitiés, quelques coups d’un soir et un coup de foudre, elle commence à apprécier ce petit pays sans confort, ses bières et autres breuvages dont elle s’enivre, ses magnifiques paysages. Et elle bosse, c’est une amoureuse des lettres, de la culture, des grandes idées de gauche de ces années d’après guerre. Un moment, elle doit filer à Paris où se planque son frère qui aurait tué quelqu’un, pour le revoir, savoir…
Puis l’amour. Puis un attentat. Fin du tome deux.

Le tome 3 la retrouve aux Etats-Unis, broyée, blessée. Après une rééducation face à une mère redevenue sympa, puis non, de nouveau agressive, elle va s’enterrer dans un bled où elle donne des cours. Elle ne se lie à personne, évite les réunions, bref, se replie sur le boulot, les livres la littérature. Et, miracle, rencontre un homme qui la fait vibrer sexuellement, mais déjà avec quelqu’un. Comme lui, elle ne veut pas se fixer, ils ne se voient donc que pour ça, clandestinement. Puis quelqu’un la convainc de venir à New-York où elle va travailler dans l’édition. Elle va se donner à fond dans cette activité passionnante, y rencontrer des personnes qui lui veulent du bien et se remettre doucement à vivre. L’alcool réunit tous ces gens. Son amant, qui vit là avec sa juliette voit son installation si proche de chez lui d’un mauvais oeil. Coup de théâtre : il tombe amoureux de la nana de Peter, le frère d’Alice, son frère qui écrit un livre très personnel où il démolit père, mère et société américaine. Ce succès le rend méprisant pour l’autre frère, Adam. Par réaction, celui-ci va se démener et deviendra un trader richissime et brillant qui lui donne même de l’argent pour le dépanner. Alice grimpe dans la société, elle est seule, mais a un super ami du temps de la fac qui ne réussit jamais à garder ses conquêtes, un loser de l’amour quoi. Elle sort aussi avec ses amis homos mais hélas, ils commencent à mourir de ce mal terrible qu’est le sida. Peter ne réussit pas à écrire son deuxième livre, il se fait jeter de son édition. Mais plus tard,  trouve l’idée qui va scandaleusement faire reparler de lui  avec, à la clé, l’explosion de sa famille. En même temps, l’ami homo très proche d’Alice la convainc de se mettre en couple avec son ami « loser »,  ce type formidable avec qui elle s’entend si bien en dehors de toute relation sexuelle, qui a tout pour plaire et sera un compagnon solide. Cette bonne idée arrive juste le soir où il doit partir barouder dans le vaste monde pendant des mois… Ce suspense « insoutenable » nous emmènera à la fin de la trilogie.

Ces trois livres ont chacun leur saveur. On s’attache aux personnages, ils sont bien construits et très ancrés dans des années que nous avons aimées ou détestées, qu’il nous est très plaisant de revivre. C’est une épopée forte et diversifiée, une belle lecture.

la Symphonie du hasard par Douglas Kennedy, trois tomes de 2017 et 2018, traduits par Chloé Royer. Aux Editions Belfond. Et pocket pour les premiers.

Texte © dominique cozette

 

 

Les Fessebouqueries #419

– YB : mort de Georges Bush, père de Bob l’éponge
– PE : La même semaine, le reggae est inscrit au patrimoine de l’humanité et la France sanctionne l’usage du joint par une amende forfaitaire de 200 euros.
– NP : Il y a 2 sortes de personnes dans la vie : ceux qui escaladent l’Everest et en parlent comme s’ils étaient allés en haut de Montmartre, et ceux qui vont en haut de Montmartre et en parlent comme s’ils avaient conquis l’Everest.
– PR : Le pays était amorphe. On croyait que le peuple était épuisé, déprimé, atone et aphone. Fini. Et là, l’effet Macron. Paf. Un miracle.
– OVH : « Majesté, les gilets jaunes sont à nos portes », « Moui, que veulent-ils ? », « Ils disent qu’ils ne peuvent plus se trouver de diesel », « Qu’on leur donne de l’E98 ».
– DR : En haut des couilles en or, en bas des nouilles encore
 (morale jaune)
– DC : Dernier tangage à Paris : Bertolucci a sombré…
– SA : Pour l’instant, rien ne prouve la culpabilité de Carlos Ghosn. Il n’est pas défendu par Dupond-Moretti.
– CC : Ça fait des années que je ne mange plus de foie gras à noël et pourtant à chaque repas on me propose le petit toast, à chaque repas je le refuse et dans le regard de mon interlocuteur je lis cette stupeur horrifiée bien connue, comme si j’annonçais que j’étais enceinte d’un étudiant en deuxième année arts du spectacle, que je venais de me convertir à l’islam ou que je décidais d’aller m’installer dans un camp naturiste en plein coeur du cantal.
– JB : Moi je veux bien laisser une planète propre à mes enfants s’ils font le premier pas en rangeant leur chambre. C’est donnant-donnant.
– DT : On annonce en même temps le remboursement des préservatifs et l’interdiction de la fessée.
 La vie sexuelle c’est comme pour les taxes, on reprend d’une main ce qu’on t’a offert de l’autre…
– DC : Bon, alors, vlà-t-y pas que la Bank of America démissionne du trust à Johnny !!! Laetitia, mets ton gilet jauni !
– RR : Un peu normal que les gilets jaunes qui campent sur leurs position aient trouvé Dubosc comme soutien.
– GD  : Poule devant un couteau < députés et ministres macronistes qui découvrent les habitants de ce pays.
– NP : Donc pour montrer qu’on a bien compris l’urgence écologique on va couper des millions d’arbres pour y accrocher des millions de guirlandes électriques et s’échanger des cadeaux moches venus de Chine en bateau dont nous n’avons ni besoin ni envie… OK…
– BP : Le cas social le plus triste du monde est celui du prince Charles qui attend depuis 70 ans d’exercer son métier de roi et qui mange bio pour ne pas mourir avant la vieille reine.
– GB :  » J’annonce la création d’un Haut Conseil pour le Climat  » C’est pas comme si on disposait déjà : – D’un ministère de la transition écologique – Un Conseil social économique et pour l’environnement ( 233 membres) – Un Conseil National de la transition énergétique (50 membres)
– CC : La garde à vue de Carlos Ghosn vient d’être prolongée jusqu’au 10 décembre prochain. Y rigolent pas les Japonais ! On est bien en France, hein les Patrons ?
– PC : « Brigitte Macron veut dépoussiérer les 365 pièces de l’Elysée »  On dirait que la nouvelle Marie-Antoinette fait tout son possible pour énerver encore plus les gilets jaunes.
– LC : Les préservatifs remboursés, faudrait pas que le projet capote.
– MS : J ai dit à ma fille que le Père Noël ne passerait pas cette année à cause des gilets jaunes. Je suis convoqué par la directrice : elle a jeté des cailloux à la dame qui fait traverser les enfants devant l’école…..
– AB : Isabelle Balkany, reine-mémère de Levallois qui sera jugée en mai 2019, notamment pour fraude fiscale, soutient les Gilets Jaunes. Le culot des escrocs n’a pas de limite.
– OK : Le 1 : les carreaux Le 2 : les plinthes Le 3 : la voiture Le 4 : la baignoire Le 5 : le four Le 6 : le frigo Le 7 : les tapis Le 8 : les draps Le 9 : les coussins Le 10 : mon vélo Le 11 : les toilettes Le 12 : Les placards Le 13 : le carrelage … C’est mon calendrier de lavant.
– OM : François Hollande soutient les gilets jaunes. Donc son « ennemi » c’est le gouvernement. Donc le gouvernement peut dormir tranquille.
– RR : J’ai bu tellement de limoncello que tout le monde croit que je porte un gilet jaune…

BONUS à l’usage de ceux qui écrivent :
– SR : A la question qui revient à chaque rencontre scolaire – pourquoi avez-vous choisi d’écrire? – je réponds que c’est pour l’argent bien sûr, accessoirement pour la gloire, et surtout, parce que c’est le seul métier à ma connaissance qu’on peut exercer en pyjama la plupart du temps.
 En vrai, comme la majorité de gens qui écrivent, je n’ai pas l’impression d’avoir choisi grand-chose, même si parfois, on te propose d’encadrer un atelier, genre en Martinique, genre en décembre, et la gloire en paréo, c’est quand-même très très cool comme projet de vie.

FESSEBOUQUERIES  RAPPEL : Je collecte au long de la semaine les posts FB et les twitts d’actu qui m’ont fait rire. Les deux lettres sont les initiales des auteurs, ou les 2 premières lettres de leur pseudo. Illustration d’après photo web © dominique cozette. On peut liker, on peut partager, on peut s’abonner, on peut commenter, on peut faire un tour sur mon site ici. Merci d’avance.

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