Le dernier des nôtres, sous-titré : une histoire d’amour interdite au temps où tout était permis, d’Adélaïde Clermont-Tonnerre, grand prix du roman de l’Académie Française est une histoire insensée, haletante et inouïe comme dans les grandes épopées romanesques. Une histoire d’amour époustouflante comme dans un film de Claude Lelouch des années 80, les uns et les autres, où le hasard faisait bien ou mal les choses, où se produisaient d’improbables rencontres. Ce genre.
Le héros, un beau grand mec aux yeux délavés et aux cheveux très blond, construit son avenir et sa richesse à New-York. C’est un play boy avenant pas très cultivé mais super sympa, cool. On est à la fin des 60’s et dans les 70’s, flower power, hippies et Factory.
Flash back récurrent qui raconte sa naissance : en 1945, à Dresde bombardée, sa mère meurt en le mettant au monde et en le nommant Werner. Sa tante prend le bébé et cherche dans les décombres d’une ville entièrement détruite, une nounou. Ça tombe bien, une jeune femme vient de perdre son bébé. Elle se charge avec répulsion de Werner, et finira par s’y attacher dans ce road-movie infernal où les deux femmes plus une russe fuiront pour tâcher de retrouver des liens, notamment le père du bébé. Elles y parviennent mais il est abîmé, les SS l’ont torturé et il a perdu les pédales.
Et voilà qu’à New-York, dans un resto chicos où dîne Donald Trump (oui, oui !), Werner tombe irrémédiablement amoureux d’une jeune femme accompagnée d’un vieux de 40 ans. Il va tout faire, des choses insensées, pour la rencontrer, la séduire, la garder. Hélas, la mère de cette jeune femme dont le père est un ponte milliardaire, à la seule vision du jeune homme, blêmit, montre le numéro que les SS lui ont gravé sur le bras et disparaît avec sa fille. Celle-ci ne va plus donner de nouvelles pendant des mois au triste Werner qui vit très mal cette situation. Qui ne comprend rien à l’histoire, parce qu’il ne peut pas la comprendre.
Tout le livre s’attache à dévoiler, petit à petit, les raisons ignobles pour lesquelles ces deux-là n’ont pas le droit de s’aimer (non, ils ne sont pas frère et sœur, ça serait trop simple) et à entrouvrir une petite porte d’espoir.
C’est un vrai bon gros roman avec des situations rocambolesques, des ambiances d’avant comme on aurait aimé en vivre au bon temps des années de libération où tout était facile, joyeux et prometteur. (Oui, j’ai vécu ce bon temps-là !)
Le dernier des nôtres d’Adélaïde Clermont-Tonnerre, 2016 aux éditions Grasset. 492 pages, 22 €.
Texte © dominique cozette.