Un président de la république fait une bien bonne blague avant de partir.


Dépité de n’avoir pas été réélu et fortement irrité que son adversaire, sur lequel il n’aurait pas parié un fifrelin tellement il le tenait en mésestime, Nicolas S., président d’une république qu’il avait rendue bananière, chercha comment se venger de son successeur, François H., homme normal et habituellement serein.
Comme Nicolas S. avait perdu le sens commun, il avait d’abord envisagé de mettre plusieurs contrats sur la tête de François H. Mais les conseillers, ceux qui lui étaient encore fidèles, lui déconseillèrent pareil forfait qui leur paraissait cousu de fil blanc. Et qui risquait d’entraîner son auteur dans des aventures judiciaires dramatiques. Ayant donné naissance à une petite fille, son épouse d’origine italienne  lui demanda de ne pas mener une affaire qui pût la laisser pantoise.
Pendant qu’il réfléchissait à ce qu’il pourrait faire de vilain, le courrier de félicitation adressé à son successeur s’accumulait dans la palais que Nicolas S. occupait encore légitimement. Alors, il eut un sourire sardonique, comme il en avait souvent, et pria qu’on fît venir les stagiaires attachés à sa personne. Il leur demanda de rassembler « tous ces papiers inutiles » et de les broyer illico.
Le jour de la passation de pouvoir, les deux présidents, l’ancien et le nouveau, s’enfermèrent un certain temps en tête à tête. Lorsqu’ils ressortirent, Nicolas S. avait l’air  guilleret. François H. donnait plutôt des signes d’impatience à vite entrer dans son nouveau bureau sans raccompagner Nicolas S. Ce que d’aucuns prirent pour de l’incivilité n’était en fait que l’attitude normale d’un homme venant de subir une  contrariété. De plus,  le mot  « pigeon » n’était pas inscrit sur son front dégarni.
Gageons qu’il demandera à son département courrier de ne pas faire suivre les plis adressés à son prédécesseur. Mais qui avait encore besoin de lui écrire ?

Article de presse ici

Texte et bidouillage photo ® © dominique cozette

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