L'incroyable rock-trip ultra-noir de Grégoire Hervier. Génial !

Il est français, il est jeune mais il connaît tout sur les guitares cultes, rarissimes, celles des années 50 notamment, qui les a possédées et utilisées, comment elles sont été fabriquées et le nom de leur concepteur, comment on les a copiées, qui peut les certifier … J’ai vérifié quelques noms, ils sont tous réels. Sauf les héros principaux du roman, bien sûr. Grégoire Hervier, retenez ce nom.
Vintage est son troisième roman, un livre passionnant qui va fouiller dans ce que le rock, le blues, le hillbilly, blue grass et autres dénominations ont de plus marécageux, morbide parfois, méconnu. Thomas, journaliste musical, travaille chez LE marchand de guitares de Pigalle, chez celui qui sait tout sur cet instrument et qui fait commerce de quelques perles rares. Thomas est passionné, il joue lui-même, répare, connaît les sons des unes et des autres, ayant écouté en boucle tous les guitar heroes des cent dernières années. C’est lui qui est chargé de livrer en Ecosse le joyau de la boutique, la Goldtop 54 d’une série limitée de Les Paul. Une Rolls l’attend et le conduit vers … le manoir que Jimmy Page, de Led Zep, avait acquis il y a fort longtemps. Mais l’énorme surprise vient de ce que le milliardaire handicapé, immense collectionneur, un vieux musicien semble-t-il, lui demande : trouver la preuve que la Moderne fabriquée en 1957 par le directeur de Gibson n’est pas restée un projet mais qu’elle a réellement existé. Lui, le milliardaire le sait puisqu’on lui a volé un des rares prototypes existant, estimé à 10 millions de dollars mais que son assurance ne peut lui rembourser sans preuve. Le voleur présumé, un facteur de guitares, a été assassiné, ce qui rend l’affaire difficile. Il va sponsorer Thomas pour mener cette affaire, pour un million.
Ça commence en Australie où un très important collectionneur le met, dans le savoir, sur la voie : Thomas trouve un bout de photo de cette guitare dans les mains d’un musicien inconnu, sur une pochette de disque : Li Grand Zombi Robertson. Mais la photo est tronquée. Thomas va alors entamer un circuit sur les routes du blues et du rock naissants pour trouver le disque, l’artiste. La maison de disque a brûlé, ça commence mal.
Le road trip est étourdissant. La rencontre la plus insensée, c’est celle avec un sosie presque officiel d’Elvis, un type violent qui vit dans une crasse épouvantable avec sa femme batteuse (drums) et leur bébé cradingue. Ce type cherche aussi activement la Moderne, il a lui-même une collection de guitares hallucinante. L’histoire se corse salement et ne s’arrête pas là. Il sera amené à aller dans les bayous à la recherche d’un « ami » de Zombi, ce musicien maudit car noir albinos. La face B de son 45 t. est hypnotique, prémonitoire et source d’inspiration pour pas mal de rockeurs devenus top.
Les aventures et surtout mésaventures s’alourdissent à mesure qu’il croit se rapprocher du but et qui l’emmènent aux confins de cauchemars ahurissants. La fin est inattendue, créative et plausible. C’est gé-nial !
Je vous recommande chaudement ce livre, on ne peut plus le lâcher et ça marche même si on n’y connaît rien en technique ou en musique. On apprend aussi beaucoup de choses, en passant, et c’est toujours agréable.
Sur un site, j’ai trouvé la bande-son du livre que j’écoute en écrivant ce texte. C’est ici. Avec, entre autres, Robert Johnson, Muddy Waters, Guitar Slim, Chuck, Elvis, the Kinks, Hendrix, Led Zep, Black Sab…
Que du bon ! Cerise : l’auteur est beau garçon ah ah ah !

Vintage de Grégoire Hervier, 2016, aux éditions Le Diable Vauvert (y a pas de hasard !). 392 pages. 18,50 €.

Texte © dominique cozette

 

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