Robillard, fabricant d'armes brut

Hier, nous nous sommes rués au vernissage de l’expo d’André Robillard, une des plus importantes figures de l’art brut. J’avais envie de le voir, de lui parler, c’est drôle cette espèce de fan-attitude qui me vient pour certaines personnes. Mais il le vaut, c’est un être génial, un artiste simple, un bonhomme aux petits plaisirs immenses. Il vient d’avoir 84 ans.

Sur le boulevard Saint-Germain, je repère tout de suite sa petite tronche de cacahuète et je me précipite sur lui comme une ado pré-pubère sur Justin Bieber. Il est minuscule, tout fin, on a l’impression qu’il peut s’envoler au vent mauvais. Il porte une casquette US (« c’est quoi ces plantes ? Des auriers ? Il parle de la branche de laurier brodée dessus. Il a des façon de dire les mots assez rigolote.). Puis il rentre, il y a encore peu de monde, s’assoit à l’immense table centrale. Il échange avec une femme (impassible, alors qu’il est si drôle) qu’il connait depuis 20 ans. Chaque fois qu’ils évoquent une relation, il cite son adresse complète. Il adore papoter, se raconter, il a un verre dans la main qu’il ne pense pas à vider. Il n’a pas l’air de réaliser qu’il est un artiste si important, s’étonne encore que Dubuffet ait pu s’intéresser à lui, parle de la photo d’eux deux qu’il a affichée dans son atelier à l’hosto. Il me raconte que deux personnes s’occupent de lui, son secrétariat en quelque sorte. Il demande quand a lieu son vernissage.

Il a quand même toute sa tête, celle qu’il avait enfant lorsqu’il a intégré, à l’âge de 9 ans, l’hôpital psychiatrique (il dit sichiatric) près d’Orléans. « J’étais un peu nerveux, je cassais des chaises, alors mon père m’a emmené là pour que j’apprenne à lire et à compter ». Là, il n’a pas fait grand chose avant la trentaine où on lui a confié des travaux simples. C’est alors qu’il s’est mis à récupérer des tas d’objets et qu’il a fabriqué des armes « pour tuer la misère ». Une armada. Grâce à Dubuffet, il a été reconnu et a été exposé au musée de Lausanne, le musée de l’art brut. De là, son aura a rayonné dans le monde.

Il n’a plus jamais arrêté d’accumuler, de scotcher, de peindre, de découper. Il dessine aussi, c’est superbe. Et il joue de l’accordéon et de l’harmonica. Des films ont été réalisés sur lui, c’est ainsi que je suis tombée en amour avec ce petit être touchant et créatif.
J’ai eu du mal à choisir parmi les pistolets, il sont tous plus beaux les uns que les autres.  Ils possèdent tous une boîte de Ninas servant de chargeur, et dans chacune d’elles, il a glissé des petits trucs personnels, paraît-il. Réservés à la personne qui aura l’objet. Je saurai fin décembre ce qu’il y a caché.
Très intéressé par l’univers, il fabrique planètes, spoutniks, fusées et engins interplanétaires. Ses cosmonautes géants sont de bien beaux personnages. Quant à ses magnifiques kalach’, elles ne feraient pas de mal à une note de musique. Sacré Dédé ! C’est bientôt la sainte André, il en est tout content.

André Robillard expose à la galerie-librairie Nicaise (lien ici ), 145 bd Saint Germain 75006 . Jusqu’au 31 décembre.

Texte © dominique cozette. Photos © catalogue et L.S

Grand éclat de rire avec Sardon le tampographe

Je n’ai pas tapé Sardou, je ne suis pas allée voir le film. Je parle de le tampographe, Sardon, un artiste qui m’a fait hurler de rire alors que j’étais à cheval sur deux années. Il se présente comme un ancien bédéiste défroqué qui a tout lâché pour faire des tampons. Et quels tampons ! Que du grinçant, du sardonique, du rigolo, du moqueur, du cynique, de l’ironique, du grotesque, du caustique, du goguenard, du désopilant, du pliant, du narquois, du sarcastique et du grivois. Mais pas du potache, ‘tention.
Il y a aussi des drôles de photos de cocos syndiqués à collier, bouc ou barbiche du premier mai, des modes d’usage avec tampons pour faire soi-même du Chaissac, du Dubuffet, du Klein ou du Warhol. Il y a aussi plein de tampons d’injures vulgaires en anglais, en québecquois, en japonais… et beaucoup d’autres, qu’on peut acheter. Oui, parce qu’on peut acheter des tampons et des coffrets, ça simplifie la vie quand on doit écrire hesso kandé shiné à son ennemi japonais, soit crève en mordant ton propre nombril.
Et puis Sardon nous raconte sa vie à Paris, pas à Paris, au cimetière du Père Lachaise où il demeure, ses problèmes d’atelier, de fabrication, ses dessins de presse pour des journaux qu’il finit pas conchier, enfin toutes sortes d’anecdotes à se tordre. Il fabrique aussi des gaufrettes à messages hilarants.
Si ça vous branche, googlez et vous trouverez site, blog, page fb … pour rire un peu chaque jour.
Pour le nouvel an, je vous offre une capture de quelques travaux :

 

Le Tampographe de Sardon est un gros beau livre édité par l’Association en 2013. 260 pages écroulantes pour un petit 39 € que vous ne regretterez pas si vous avez un tant soit peu d’humour.

Texte © dominique cozette

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