Nique vos grands-mères, bande de p'tits cons !


Voici l’image déplorable de la  grand-mère actuelle qu’ont les jeunistes au cerveau vitrifié. Moi qui en suis une et pas qu’un peu, je m’indigne.  Ce qu’on nous montre n’est même pas  en cauchemar le décor de nos mères  — qui elles vivaient parmi les meubles en teck à coins arrondis et les cuisines en formica qu’on s’arrache aux brocantes du boulevard Voltaire —  et même pas celui de nos propres grands-mères, du rustique chêne massif mâtiné Louis Philippe. C’est un décor d’arrière grand-mère Deschiens. Cf  la série scènes de ménage où Guéguette et Raymond vivent dans un intérieur étronique des années 50 ! Mais quelle caricature !
Mes chéris, les mémés du jour, moi donc, nous sommes de la générations Beatles, Rolling Stones et Charden, agnès b et point G, les tout premiers jeans qu’on enfilait au chausse-pied et qu’on raclait sur le sable des plages pour les user. On vivait vautrées sur les poufs, des tapis-touffe, à moitié à poil, on a lancé les seins nus et les mini ras-foufoune. Et plein d’autres choses rigolotes que vous vous êtes appropriées.
D’accord, on s’est embourgeoisées, on a acheté suédois, n’empêche qu’on a continué à faire les connes, on a gardé nos guitares et nos gants de boxe, on a cassé nos cloisons (oui, les nasales aussi parfois), on a éventuellement repeint en fluo les buffets Henri II de nos aïeules, mais on a filé tout ce qui moisissait dans le hangar des vieux à Emmaüs, les tableaux brodés au point de croix, les abat-jour parcheminés, les protège-canapés au crochet. Quant au papier peint, vous imaginez où on se l’est mis.
Quand je vois cette image pour suggérer « la grand-mère tellement rigolote qu’elle n’hésite pas à empoigner vaillamment une guitare pour épater sa petite-fille », je sors mon capodastre et ma pédale wah wah ! Je m’indigne, je m’étrangle de fureur, je vois rouge. Non, p’tits cons, ça c’est de la mémère mal décongelée. C’est pas nous. Nous, les vieux buffets sculptés avec assiettes debout, les Chesterfield en velours qui puent le vieux prout, les coussins à pompons râpés et les ouvrages de dames, on n’en a jamais eu. Et la vitrine !
Et cette robe des 3 Suisses « fantaisie » ! Et ces lorgnons  sec-soc ! Et ces pompes Pieds sensibles ! Moi je vous le dis, si votre mamie est comme ça, prenez-la sous votre bras et courrez vite en Suisse la faire euthanasier ! C’est un sévice à lui rendre !
Et toc !
Voilà pourquoi, chers petits (à moins que vous ne soyez de vieux schnocks au cerveau ramollo) les mamies de vous disent pas merci !

Texte © dominique cozette. Image d’Emmaüs.

 

2 réflexions sur « Nique vos grands-mères, bande de p'tits cons ! »

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