C’est l’histoire de cette nana prétentieuse qui était ministre au Palais de Justice, toujours fourrée chez Dior avec des talons de 35 cm, qui s’aperçoit, mais ne veut pas en croire ses gros yeux noirs, qu’elle est enceinte. Et pas qu’un peu ! Mais comment est-ce possible ? Et de qui donc ? Avec tous les amants qu’elle a, que des Cac 40, ultra-riches, elle se demande bien lequel donc ça peut être !
– Mais lequel donc ça peut être ?
Pour le savoir, elle leur arrache un bout de peau d’une façon trash pour faire l’analyse ADN à comparer au placenta, c’est facile quand t’es importante, les labos peuvent pas refuser ! En attendant, elle énerve le petit monde médiatique en refusant de dire qui est le papa ! Tout le monde y passe ! Un vrai feuilleton.
Plus tard, revenant à la raison, et puis se disant qu’il n’y a pas lieu de mégoter sur le futur magot,
– ne mégotons pas sur le futur magot !
elle désigne un mec très riche et lui demande une fortune pour alimenter son enfant. Et aussi la rumeur.
Finalement, le père, c’est un voyou, un mec un peu craspec, Borloo je crois, qui se bourre aussi la gueule comme elle. Très drôle. Très bien joué.
Le vrai film, 9 mois ferme de Dupontel, est hilarant. Un plaisir total, pas un de ces films où tout est dans la bande annone. Un régal pour se dilater la rate !
Je ne sais pas si Ito a un lien de parenté avec Yoko Ogawa, auteure culte nippone. En tout cas, le talent de cette nouvelle écrivaine est grandiose. Elle réussit à nous passionner pour sa petite cuisine aux senteurs exquises, aux parfums subtils, aux ingrédients de derrière les fagots puisque c’est souvent dans le bois voisin qu’elle les trouve. Le Restaurant de l’amour retrouvé est comme un conte. Il met du baume au coeur et l’eau à la bouche. C’est l’histoire d’une jeune femme juste plaquée sans raison par son grand amour indien. Il lui a tout pris, tout, même ses très précieux ustensiles de cuisine, ses préparations et autres produits séchés ou marinés. Obligée de retourner chez sa mère qu’elle n’aime pas, sa mère qui anime le café de l’Amour, consent à lui céder un local et c’est là que Rinco va monter son petit resto. Un resto d’une seule table qu’elle accorde à ceux qui sont venus lui parler d’eux-mêmes. Mais Rinco est actuellement muette, alors elle a toujours sur elle des petites fiches avec les phrases les plus courantes.
Dès l’ouverture, l’Escargot est un succès. Chose étonnante : Elle met tellement d’amour dans ses longues préparations que quelques jours après leur sortie, les convives retrouvent tous un bonheur perdu. !
Quant à sa mère ! C’est tout le contraire, elle est clinquante, elle adore se bourrer la tronche, boire du Cristal R. et rire. Elle a un amant, mais est vierge bien que mère (oui, ça s’explique). Elle élève une truie appelée Hermès que Rinco gâte affectueusement. Cette truie connaître un destin étonnant.
Tout est à découvrir dans ce premier roman original, lumineux, salivant. J’ai adoré. Je vous le recommande particulièrement, il se lit vite et donne la pêche !
Le restaurant de l’amour retrouvé d’Ito Ogawa aux éditions Philippe Piquier. 2008, sorti en France en 2013. 244 pages, 19 €.
Les tenants de l’hyper économie, du tout partout, du toujours ouvert, du boulot 24/24 7/7, de la croissance à tout prix, de l’aide totale à la reprise avec suppression de toutes taxes, impôts et contributions, sont probablement des jésusophiles dont la parole s’appliquerait bien à leur desiderata : croissez et multipliez. A l’époque, il devait y avoir 5 millions d’habitants sur la planète, enfin j’en sais rien, c’est une hypothèse. Il y avait des places pour garer ses boeufs, le chômage n’existait pas puisque le sale boulot était assuré par les esclaves, la démocrate battait son plein avec le tirage au sort des édiles, la terre était cultivée selon une tradition ancestrale, les animaux paissaient et broutaient dans de grands espaces avant que d’être abattus proprement.
Le commerce marchait tranquillement, le marketing c’était juste de savoir si la mère machin et le père truc achèteraient une oie ou une pintade, et, quand le temps le permettait, on allait tous ensemble voir les jeux du cirque.
Aujourd’hui, ce que les politiques de tout poil, les responsables des grands groupes internationaux, les boursicoteurs et nous-mêmes qui mettons nos économies sur des produits financiers dont on espère qu’ils amélioreront notre pouvoir d’achat, demandent/exigent/souhaitent, c’est la croissance. La croissance, la croissance, la croissance !!! On n’entend que ça. Allez hop ! Croissons… Que ça grouille de voitures partout tout le temps, que ça grouille de monde dans les zones de chalandise sans interruption, que rien ne s’oppose à l’achat de n’importe quel produit de n’importe quelle façon, que la concurrence soit la plus âpre possible entre toutes les productions pour être sûr d’avoir le moins cher, que le produit juste lancé soit aussi sec dans mon caddy car je dois être le premier à l’avoir même si je sais que demain il sera complètement ringard, que l’aménagement du scolaire permette à tous de profiter de la mer, de la neige, des voyages, que d’ailleurs les avions soient de plus en plus fréquents, de plus en plus gros, de plus en plus nombreux pour permettre à TOUS d’aller partout, que les bateaux de croisière soient de plus en plus énormes pour offrir tout ce dont on rêve sur la mer mais de moins en moins cher donc de plus en plus concurrentiels, que tous les pays du monde puissent construire vite les installations olympiques et footballistiques avec infrastructures d’accueil concommitantes même si ça ne sert qu’une fois… etc, vous savez tout ça.
Vous avez appris qu’Amazon venait d’annoncer que bientôt vous serez livré par drone. En voilà une idée, qu’elle est chouette ! Donc nous serons bientôt envahis de milliers d’engins volants qui viendront obscurcir notre ciel, troubler le silence de nos nuits, voire se percuter au-dessus de nos têtes. Car on ne voit pas pourquoi une seule entreprise aurait le monopole du ciel, de l’urgence, de la course à l’échalote.
Alors, grouillons, grouillons, y a pas une minute à perdre, pas un espace à garder. Tout sera dans tout et réciproquement. Et, c’est promis, il n’y aura plus de frustrés, de malheureux et d’aigris. De nouveau, la vie sera belle. Chouette, chouette et rechouette !