Le dernier Chloé Delaume

Rentrée littéraire. Ils appellent ça l’amour est le dernier opus de Chloé Delaume que j’ai eu grand plaisir à lire. Il est à la fois drôle, chic, un peu snob, très féministe et bien mené.
Clotilde, l’héroïne, est embarquée par ses quaatre amies de cœur pour leur virée annuelle de quelques jours dont le but est de lâcher prise comme on aime à le dire de nos jours, de se marrer, de faire tout ce qui nous fait plaisir. La fête du string, si on va par là. Mais quand elle s’aperçoit que la ville qu’elles ont choisie est celle où elle a été encagée et ultra-soumise à une sorte de pervers, Monsieur elle l’appelle, que la grande maison dans laquelle elle vivait avec lui est à quelques pâtés de celle qu’elles ont louée, elle chavire. C’était il y a vingt ans mais elle a toujours terriblement honte de s’être laissé embringuer dans cette parodie de conjugo avec cet écrivain sec, rigoureux, bien plus âgé qu’elle et dont elle a réussi à s’échapper en laissant tout derrière elle. Et d’ailleurs, il avait détruit, jeté et éliminé tout ce qui constituait son passé, souvenirs, archives, photos, toutes choses auxquelles on tient tous.
Elle s’est laissé dicter sa conduite, son comportement, sa façon de vivre, de baiser, de manger, peu et mal… une vie de merde « pour son bien » comme il lui répétait. Et évidemment, il s’est arrangé pour qu’elle n’ait plus aucun contact avec ses relations et amis. Aucun amour là-dedans, le seul avantage qu’il a réussi à faire valoir, c’est la sécurité. Logée, nourrie, prise en charge, alors que rien n’allait plus dans sa vie.
Elle se décide enfin à raconter cette violence à ses amies, un beau soir, alors qu’elle avait tout tu jusqu’à maintenant. Et cette séance va déclencher diverses réactions de leur part. L’une est célibataire, une autre est lesbienne, une autre a un enfant, c’est un petit échantillon de potes qui ne voient pas les choses de la même façon.
Mais qui vont organiser un raid pour la venger.

Ils appellent ça l’amour par Chloé Delaume, 2025 aux éditions du Seuil. 176 pages, 19€.

Texte © dominique cozette

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