
Ce livre est formidable, passionnant, surtout quand on aime, comme moi ce géant de la musique brésilienne, inventeur de la bossa-nova, même s’il est écrit sur la couverture « La bossa nova n’existe pas ».
Il faut voir qu’ici on a affaire à un personnage plus que têtu, qui a toujours su qu’il était un musicien hors pair destiné à bouleverser les codes musicaux de son pays, et à faire connaître ces nouvelles normes dans le monde entier. Opiniâtre comme pas deux, il n’a eu de cesse de chercher, puis de trouver, puis de peaufiner, ce style inimitable qui est le sien, complètement en opposition à ce qui se faisait à l’époque à la fin des années 50, des voix puissantes, des orchestrations tonitruantes, rien de bien confidentiel en somme. Mais qui voulait de ça ? Personne ou presque. Sauf une personne, un futur allié en la personne de Tom Jobim qui, lui aussi à force de persévérance, a fini par convaincre de grand ponte d’Odeon, de lui donner sa chance .João a mis pratiquement dix ans avant de recueillir un semblant de gloire, puis enfin, la reconnaissance mondiale de son talent.
Il faut dire que c’est un sacré emmerdeur, toujours très en retard, n’en ayant rien à fiche de rien sauf de sa musique, piquant des crises si on n’arrivait pas au résultat voulu, capable de partir en plein concert… Ça n’a pas aidé.
Ce livre très bien écrit alterne le récit entre le dernier concert donné au Japon où l’organisateur est pétri de peur à l’idée que João n’aille pas jusqu’au bout (car il est enregistré) avec ses caprices, et les moments de sa vie qui l’ont construit. On y rencontre de très grands artistes, des fragments de chansons, ses grandes histoires d’amour notamment avec Astrud puis Miùcha, soeur de Chico Buarque, et la grande rencontre avec Stan Getz, qui n’a pas été une partie de plaisir pour lui.
Bref, c’est formidablement bien raconté. L’auteur du bouquin a très bien connu le chanteur.
João Gilberto par Jean-Paul Delfino et Helena Crudeli. 2025. Aux éditions Istia & Cie. 180 pages, 14,90 €
Texte © dominique cozette