Erskine Caldwell, le Steinbeck des pauvres

Cet auteur d’un paquet de romans, jusque là inconnu de moi est, selon Belfond qui le réédite dans sa collection « Vintage », un portraitiste à l’égal des plus grands, spécialisé dans les « pauvres blancs ». La lecture du livre Haute-tension à Palmetto est assez troublante car on se demande si on n’est pas dans la littérature de gare tellement c’est explicité au niveau la psychologie, du sentimental, des motivations, des pulsions. Les phrases comme les dialogues redondent de façon étrange mais ce n’est pas du tout désagréable à lire, je dirais même assez palpitant vu que le suspense est bel et bien là et qu’on se fait du mauvais sang pour l’héroïne.
L’héroïne ? Une superbe jeune femme avec des formes de rêve qui font craquer hommes et femmes du bled où elle est acceptée comme institutrice. Palmetto, donc, un peu plus de 500 habitants peu aisés et même plutôt rustiques. Sa couleur de cheveux, chocolat, ses pulls moulants (particulièrement un jaune) ajoutent à son sex-appeal et brusquement, le village devient chaud comme une cocotte Seb.
C’est d’abord un élève de 16 ans, beau, bien bâti, qui réussit à lui soutirer un baiser et lui confesse qu’elle ne sera qu’à lui et qu’il tuera les hommes qui la lui prendront tellement il est fou d’elle. Voyez l’ambiance. C’est une jeune élève aussi qui la veut pour elle seule et la harcèle, c’est un impuissant qui, tous les ans, fait une cour interrupta à toutes les nouvelles enseignantes. C’est un paysan, veuf avec cinq enfants, qui a besoin d’une bonne femelle pour faire les travaux à la ferme, s’occuper des gosses et donner des envies à son mari. Il la harcèle aussi avec empressement. Ainsi qu’un superbe beau mâle dominant, politicien véreux mais lubrique et magnétique. Puis viennent les cortèges des femmes jalouses qui font des scènes à leurs maris, qui la menacent des pires choses si elle ne quitte pas la ville etc… Tout cela en même temps, quelques 6 jours sans répit pour elle ni pour personne.
Bref,  c’est l’ébullition générale au village et on sent que ça va exploser en faisant bien des dégâts.
Donc, un bon roman de plage ou de gare ou de dodo mais on s’en fout, c’est distrayant comme tout. Point.

Haute-tension à Palmetto par Erskine Caldwell, écrit en 1950, réédité en 2015 chez Belfond. Traduit par Anne Villelaur. 297 pages. 15 €.

Texte © dominique cozette

 

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