Les Beatles et moi

Oui, vous avez bien vu, sur cette photo réalisée par votre serviteuse durant l’hiver 64, deux des Beatles — et bizarrement les survivants — rue Bayard ou François 1er je ne sais plus, la rue de RTL où se déroulait l’oubliée émission Balzac 10 10 ou Balzac dix deux fois, de Jacques Garnier, Philippe Adler avec souvent la collaboration de Francis Weber. C’était pour concurrencer Salut les Copains, elle avait lieu à la même heure mais elle a fait pschitt assez rapidement. Sur Google, il n’y a presque rien. C’est en faisant un peu de ménage dans mes vieilles affaires que je suis retombée dessus. Je l’avais idéalisée, je l’imaginais plus… plus réussie.
Donc moi qui traînais à SLC très souvent, je n’ai pas résisté à l’appel de Bal 10 10, je m’y suis conviée avec culot et y ai été reçue avec gentillesse. Et un jour, ils m’ont prévenue de la venue des Beatles qui faisaient l’Olympia en vedette américaine de La Plus Belle pour Aller Danser et Trini Si j’avais un marteau Lopez (j’y était, forcément !). Les quatre garçons dans le vent ne suscitaient pas encore la folie des quelques mois plus tard, mais quand même, ils créaient l’événement. Tous leurs 45 tours se vendaient comme des petits pains, moi-même je les avais connus avant tout le monde puisque ma correspondante anglaise m’avait envoyé Love me do, leur premier 45 t. simple.
J’ai ainsi passé toute l’émission sur les grands banquettes en velours entourée de ces quatre phénomènes aux cheveux longs (!) que je ne comprenais pas vraiment. J’avais pour pratique de ne jamais demander d’autographe (j’ai fait exception pour Gene Vincent), je suis restée coite, mais j’avais apporté mon petit appareil. Et ce n’est que dehors, parmi les fans qui se pressaient dans le froid, que j’ai pu capter cette superbe photo où l’on devine Paul et Ringo. Sir Richard Starkey et sir Paul Mc Cartney. Une belle gifle à Jean-Marie Périer, non ?
En cherchant un peu plus d’infos, je découvre que les Fab Four ont donné leur tout premier concert juste avant l’Olympia, à Versailles, sorte de test qui se faisait régulièrement. (Voir lien ici)
Et une photo de cette chouette époque où on descendait direct de l’avion parmi les gens qui venaient nous accueillir. Notez que parmi cette petite foule de personnes d’âge indéterminé parfois tonsurées, ça manque de jeunes filles hystériques en larmes. Ça viendra vite.

 

La belle Ali !

A part Les dernières nouvelles du Clito, je ne lis plus la presse féminine mais parfois je tombe sur une pub que vous avez peut-être toutes vue, mais que je découvre. C’était dans M mag. Je fais : Oh ! Une vieille dame qui pose pour Chanel ! Qui est-elle ? C’est sûrement quelqu’un de connu, regardons voir… Et pour une fois, ils ont mis son nom en majuscules toutes fines sous le bouton du col. Et je lis …. Ali MacGraw !
Quoi ??? Réagis-je mal parce que j’ai des réactions spontanées dont j’ai honte ensuite. Quoi ??? Cette femme âgée serait cette femme si belle qui s’appelait Ali MacGraw et fraya un temps avec Steve MacQueen ??? Pas possible ! Comme la vieillesse est une bâtarde de l’enfer !
Puis, sortant mon fouet à pointes pour me fustiger cruellement, je réfléchis et me dis : Bah quoi, tu ne t’es vue, pauvre de toi. Toi qui semais des torticolis à tout va en cheminant de bar en bar… Oui, bon, passons. Donc oui, chacun sa merde, on vieillit ou on meurt. Mais il y a vieillir et vieillir.
D’où troisième réaction : apparemment, cette femme âgée ne s’est pas fait charcuter. Pas de bouche de canard, pas d’yeux exagérément tirés à la Sheila, pas de sourcils remontés à l’outrance. Et des rides. Oui, madame : des rides.

Or donc, Ali MacGraw est une femme qui assume de vieillir en fuckant le bistouri. Bravo. Et puis elle est très belle et très classe : rien à dire là-dessus. Filons sur Google pour en savoir plus : elle a 80 ans. Ouh la la ! 80 !!! Ça commence à compter.
Alors, du coup, je m’intéresse un peu plus à sa vie : Née en 1939 de parents aisés et fantasques, quoi que le père fût ce genre de fieffé salaud qui tape quand il boit, et qu’est-ce qu’il boit !, elle fait des études dans un collège classieux puis devient assistante de photo. Diana Vreeland, sorte d’Anna Wintour en plus vache, l’emmène avec elle chez Vogue. Remarquée par tous, elle devient mannequin et Chanel, Coco en personne, en la voyant, exige immédiatement qu’elle vienne poser pour ses tailleurs. Jusqu’à ce qu’elle se lasse de ses narines. Authentique.
Alors, le cinéma l’appelle. Elle traîne un peu aux génériques derrière de plus grandes vedette jusqu’à ce qu’elle apparaisse dans Goobye Columbus en 1969. Oscar du meilleur espoir. Elle est devenue madame Robert Stevens, comme on disait jadis. Son beau mari, le boss de la Paramoun (ça aide), prépare Love Story, petit budget mais émotion garantie. Elle explose presque … sauf que c’est Ryan O’Neal, son partenaire, qui buzze car vient de faire un énorme boum avec Peyton Place, et avec Mia Farrow. N’empêche que le film est un succès planétaire. Mais le seul oscar pour huit nominations va à Francis Lai (vive la France !).
Pour le film suivant, Guet-Apens, Steve MacQueen l’exige pour jouer sa femme. Elle ne fera pas que la jouer, elle le deviendra au grand dam du mari bafoué sans qui, se plaint-il, elle n’en serait pas là. Mais Steve connut lui aussi les violences paternelles et, comme tout un chacun, répéta l’infernal schéma de l’alcool qui envoie. Alors Ali se met à la vodka, rien de mieux pour encaisser. Leur vie conjugale se joue sur le ring de la violence, c’est atroce et pathétique. Ali redescend aussi vite qu’elle était montée sur les sentiers de la gloire. Ils divorcent. Steve continue sa carrière mais mourra à cinquante ans. Leur vie de couple racontée par un magazine people (c’est ici ) nous informe que Steve lui a interdit de tourner, l’enfermant à la maison, amenant ses maîtresses, la maltraitant. Elle affirme qu’elle aimait ça venant de lui…
Ensuite Ali fait quelques panouilles cinématographiques, apparaît dans quelques séries dont Dynasty, se reconvertit dans le théâtre et dans la production. Mais surtout, se refait une santé grâce au yoga qui, dit-elle, lui a sauvé la vie.
Son fils, Josh Evans, est acteur.
Et la revoici chez Chanel qu’elle illumina du temps de sa belle jeunesse.

Texte © dominique cozette

La mort du bon côté

Depuis des années, je craignais d’avoir pour première info l’annonce de la mort de Johnny.*
Pourquoi ?
Pourquoi quoi ?
Bah pourquoi tu craignais d’avoir pour première info l’annonce de la mort de Johnny ? me demande mon for intérieur.
Parce que Johnny est emblématique de mon adolescence, c’te bonne paire !
C’est pas la peine d’être vulgaire !
Ah, oui, tu as raison. Et qu’il a marqué pas mal de séquences de ma vie, pour des raisons personnelles, musicales, festives, administratives, sexuelles, organoleptiques… Je pensais que le jour où il mourrait, un pan de ma vie s’écroulerait avec lui tel un immense morceau d’iceberg s’effondrant irrémédiablement dans la mer.
Or voilà, c’est arrivé. Johnny est mort, et le fracas assourdissant des médias a accompagné sa chute. Ou plutôt l’a amorti. Car que constaté-je ?
Est-ce que ça va changer ma vie de tous les jours que Johnny ne soit plus vivant ?
Non.
Etais-je tant que ça imbriquée à sa vie quotidienne, pour que son absence crée une vacuité si insupportable ?
Non.
Attendais-je quelque chose de particulier le concernant et qui donc ne se produira pas ?
Non.
Avais-je l’intention d’aller encore le voir sur scène sachant que je m’étais régalée cet été avec cette vieille canaille qui avait fait trembler les arènes de Nîmes par sa puissance vocale et que je m’étais même dit que, cette fois, ce serait mon spectacle d’adieu ?
Non.
Alors, pourquoi être si triste quand une idole meurt ?
(Je veux dire une idole de jeunesse qui meurt prévisiblement après une vie dix mille fois plus remplie que celle des clampins lambdas croisés dans la rue). (Sachant que je ne suis pas du genre à quémander des autographes, à me damner pour des selfies, à rendre des hommages à la grille du parc, ou, plus précisément, à me tasser  avec des milliers de pleureurs/euses sur le trajet du funèbre convoi, à jouer des coudes avec des milliers de glutrons enlarmés à la sortie de la cérémonie religieuse où beaucoup de people se seront fait inviter de façon peu glorieuse pour « en être » absolument (Si tu n’es pas invité aux funérailles de Jojo, tu as merdé ta vie).
Conclusion sommaire : je ne dois que me réjouir du départ du Grand, comme l’appellent certains de ses proches.
Parce que :
Et d’une : c’est fait. Ainsi, je suis à l’abri de la triste nouvelle.
Et de deux : il n’a jamais été aussi vivant que depuis qu’il est mort. Il est partout, radio, presse, télé, réseaux, papotages. On bouffe du Johnny jusqu’à plus soif, on respire du Johnny, on se laisse même aller à rire avec lui sur les vannes compilées, à s’attendrir sur ses mômes, sur les larmes d’un certain Michel D. qui, lui, ne mourra jamais, on s’endort avec ses chansons dans la tête, on rêve de lui, on fabrique un halo de Johnny qui nous enveloppe confortablement dans un cocon hallydayien totalement inédit.
Et de trois : on peut enfin (pour les collectionneurs jojophiles, je veux dire) prendre possession définitives de tous ses enregistrements, tous ses films, toute sa production. Les coffrets dorénavant seront exhaustifs.
Et de quatre : on peut replonger en images dans le monde de Johnny sur Paris Match (qui, c’en est amusant, s’est vu obligé de sortir deux éditions spéciales, une pour Jean d’O, une pour Jojo), ses débuts, ses succès, ses conneries, ses femmes, ses gosses, sa famille, ses baraques, ses tatouages, ses potes, ses bons mots, ses accidents, ses suicides, ses résurrections…
Et de cinq : Pour une fois dans notre vie, on n’est pas seul(e). Des centaines de milliers de fans sont dévastés, font des milliers de kilomètres pour voir son cercueil, pleurent des rivières en hoquetant douloureusement, passent la nuit dehors pour être bien placés sur les Champs Elysées. Bref, des centaines de milliers d’âmes sensibles sont bien plus malheureuses que nous.
Et de six : son esprit qui ne s’est pas encore envolé dans son île, on le sent qui plane au-dessus de nous, nous imbibe d’un parfum de whisky, nous imprègne d’une odeur de tabac froid, nous caresse tendrement l’âme, nous joue encore du retiens la vie.
C’est pas tous les jours que « notre » Johnny meurt, sachons en tirer parti courageusement, laissons le grand vrai deuil à sa famille et, comme il le disait encore pas plus tard que récemment, remettons les pendules à leur place.

* (Quelqu’un a fait un bouquin sur ce thème je crois).
texte © dominique cozette

Vieilles, d'accord, mais quelles canailles !

Ce titre du Point, alarmiste comme tous les titres du Point, mérite un bon crochet dans la gueule, qu’est-ce qu’elle a ma gueule ? Bah rien, Jojo. Ta gueule est chargée certes, elle a vécu plus de mille vies, et aujourd’hui, enfin hier soir aux Arènes de Nîmes, blindées, elle a encore montré à toutes ces vieilles lunes que ta gueule n’a rien n’a craindre des autres. Quelle présence, quelle voix, quelle bonne humeur, quelle énergie, quel talent !
Oui, ce fut un spectacle époustouflant. Parce que le grand petit Charles était là ? Et Laetitia et les pitchounes comme ils disent ici ? Tu t’es défoncé, mec, et je ne devais pas être la seule à me dire : arrête un peu, laisse les deux autres relayer, tu vas claquer… Les deux autres faisaient ce qu’ils pouvaient pour être à ta hauteur. Schmoll toujours sobre et vaillant, schmollant as usual, mais interprétant quelques chansons pas connues, puis Jacquot, poussant la chansonnette avec ce demi sourire l’air de dire : je n’en pense pas moins, brindille un peu branlante entre les deux maousses du rock français. Bref, Jojo, tu nous l’a encore fait : moi vivant, je ne serai jamais mort. Alors la voix, dès la première note, brillante et vibrante comme la vingtaine de cuivre derrière vous, galvanisant les fans des premiers jours, du Pénitencier à Gabrielle pour finir sur Toute la musique que j’aime. J’ai pas honte de dire que j’étais poignée comme tous, parce que c’était poignant. 74 ans ce mois-ci, le plus jeune des trois, en chimio, cancer et bidule, on n’y croit pas, c’est du fake news, même si ou t’a vu en promo à la télé, amorti comme tes compagnons. On craignait la mollesse, la décrépitude, le pathétique. Et on avait tort. Le petit Charles, 93 ans, ton presque papa, cheveux tout blancs, il fallait envoyer face à lui. Tu as envoyé grave. Pulvérisé les doutes. Ça a commencé par Les cactus, par toi, ouais, trop fort.
Le public était plus pimpant que d’habitude où sévissent les gros relous à pattes, tattoos, santiags et cuirs. Des sexygénaires en robiches, des septuas bien coiffés, j’ai repéré seulement deux sosies un peu tapés de Jojo et un de Schmoll façon P. Sébastien, c’est vous dire. Et à côté de nous, sur les gradins du vomitoire (premier rang, super places payées un bras de tourne-disque), un couple hyper mignon de quadras dont les parents, quelques rangs derrière, étaient aussi des fans de toujours. Ces jeunes qui connaissaient tout de nos années yéyé, vénéraient Presley, Sinatra et donc Johnny, sont allés au bar et nous ont rapporté une coupe de champ parce qu’ils nous trouvaient sympas. De rêve, quoi, tout ça.

J’avais décidé de faire mes adieux à Johnny au Parc des Prince pour ses 50 ans, c’était torride. Cette fois je ne pense pas le revoir de sitôt, pas parce qu’il aura préféré rejoindre Gene V et sa clique, mais parce que moi, je vise ses 100 ans, sinon rien, je vais donc garder une belle image de celui qui faisait battre mon cœur de 13 ans avec Laisse les filles, ses hoquets, son déhanché, sa chemise en dentelle et cette phrase un peu choquante : lorsque ma mère s’est radinée… Clip à voir ici (après une pub Meilleurtaux au casting calamiteux).

Texte © dominique cozette

Oubliez-moi !

Vu Tabatah Kash (je ne sais pas comment ça s’écrit) chez Biraben. Je l’ai trouvée touchante. Pornostar dans les 80’s,  elle est partie aux USA lorsqu’elle a eu assez d’argent. Pour « refaire sa vie ». Son seul désir, vivre normalement avec son mec, faire des gosses et voilà. Elle s’est renommée Céline, elle a eu deux enfants. Et puis, raconte-t-elle, des gens mal intentionnés ont fouillé la poubelle et ont fait remonter son passé sulfureux. Elle, c’est pas que ça l’aurait dérangée, c’est pour ses enfants. Il a fallu qu’elle leur explique pour pas qu’ils soient mis brutalement au courant. Et puis son mari est mort. Il dirigeait une affaire porno, hot quelque chose. Alors elle est rentrée en France avec ses gosses et a repris l’affaire.
La journaliste explique que maintenant, avec les réseaux sociaux, il ne peut y avoir de droit à l’oubli. Tout ce que tu fais est inscrit et peut ressortir quand tu as 79 ans (note qu’à 79 ans, on s’en tape un peu). Alors qu’avant, on pouvait arrêter tout, se faire oublier et disparaître.
Elle oublie que ce jour, c’était les 80 ans de BB qui elle, a voulu disparaître du paysage il y a 40 ans. En finir avec le cirque médiatique, les paparazzi, s’occuper de ses chers animaux. Impossible.
Moi je dis que pour faire oublier ce qu’on a fait comme conneries jadis, il suffit de sévir en politique. Tu peux faire les pires choses, sortir avec tes casseroles, avoir été condamné, hors-la-loi, mêlé à des affaires bien louches,  tu fais juste comme si rien n’était. En fait, le droit à l’oubli en politique, c’est quand le principal intéressé oublie. Ou fait mine d’oublier. Le reste, c’est de la gnognotte.

Texte et image © dominique cozette

Toi président…

Cher François,
j’accuse bonne réception de ton communiqué envoyé à l’AFP, signifiant la fin de notre relation. J’ai moi aussi ma petite version des faits.
Toi président, tu n’as pas été réellement mon compagnon. Et pour cause, ton problème de prostate. Mais pas que.
Toi président, tu ne m’as jamais proposé de chevauchée fantastique en scooter, tu sais combien j’aurais eu l’air ridicule, la jupe volant au vent comme une gosse de 15 ans.
Toi président, tu ne t’es jamais comporté comme mon homme, mon vrai, martelant à la presse « Valérie et moi, c’est du sérieux » ! Pas plus que tu ne m’as amenée à Eurodisney, mes fils sur tes épaules. C’est vrai qu’ils sont un peu grands.
Toi président, tu as manqué d’exemplarité sur tous les plans, oubliant comment je t’ai soutenu pendant ton régime amaigrissant, et comment je t’ai présenté mon spécialiste de la coloration.
Toi président, tu m’as fustigée publiquement pour un pauvre tweet, donnant de moi une image de tigresse jalouse et hystérique. Tu as oublié rancunière.
Toi président, tu t’es révélé comme un mec non seulement normal mais surtout ordinaire, un bourrin quoi, en cumulant piteusement deux histoires de coeur et de fesses.
Toi président, fais-tu le même gag à Julie en lui disant : Moi, camembert Président, tâtez-moi ça, voir s’il est bien fait ?
Toi président, c’est un beau titre pour le bouquin que plusieurs éditeurs veulent m’acheter à prix d’or. On va bien se marrer cet été sur les plages !
A toi, président, avec mes remerciements…

Texte et dessin © dominique cozette

DSK, le meilleur coup de l’année !

Oui, DSK est un super coup de com, effectivement, pour une nana passée maître(sse) ès coup de Jarnac, coup bas et autre coup du père François.
Le début de leur histoire s’effectua gentiment, au coup par coup, un coup pris ensemble dans un bel endroit, le petit coup de charme habituel du monsieur, un coup de coeur inattendu chez la dame qui n’alla peut-être pas jusqu’au coup de foudre. Vinrent un coup de langue par ci, un coup de queue par là, un coup de boutoir encore suivi du coup du revenez-y. Soucieux de sa réputation de bon coup, il ne lui fit  jamais le coup de la panne.
Car lui ne se méfia pas — coup de chance pour elle —  voyant dans cette affaire un bon coup de fouet à sa libido, un coup de feu à son coeur exsangue, un coup de pot dans sa vie dévastée, bref le coup de folie nécessaire à sa survie.
Pour un coup d’essai, ce fut un coup de maître ! Car, coup de théâtre après les trois coups, il s’aperçut que c’était un coup tordu, sorte de coup de poker où, entrée en coup de force dans son intimité, elle s’apprêtait à faire coup double : fric + com. Son éditeur était dans coup, lui filant un beau coup de pouce qu’on appelle aussi à valoir (avaloir ?).
Le coup fut dur pour lui quand il sut que c’était juste  un coup monté, et bien monté, un coup fourré et salement fourré. Genre coup du lapin qui te laisse assommé.  Il accusa le coup très difficilement, tout à coup terrassé par un gros coup de pompe.
Mais coup du sort : selon ses avocats, la parution de ce coup foireux tombait sous le coup de la loi. Serait-ce, pour elle et ses soutiens, un coup d’épée dans l’eau ?
Après ce coup de bambou, il ressentit comme un coup de sang. Ses avocats l’encouragèrent à tenir le coup : il ne devait surtout pas manquer son coup ! Pour marquer le coup, il poussa un gros coup de gueule face caméras, qui tinta comme un coup de semonce pour « la belle ». Toute la presse était aux cent coups. Allait-ce être le coup de grâce pour l’objet littéraire qui risquait d’être interdit ? L’homme du coup d’état du 14 mai 2011 ne voulant pas se montrer comme un censeur ordonna juste un coup franc à l’équipe adverse. Sorte de coup de torchon sous forme d’encart au coût conséquent. Pour permettre le coup d’envoi légal de la vente du bouquin.
Après coup, que penser de tout ça ? Qu’il y a des coups de pieds au cul qui se perdent. Personnellement,  je ne vous ferai pas le coup de lire ce truc pour vous. Pour moi, il ne vaut pas le coup. Je veux dire : il ne vaut pas un clou.

Texte et dessin © dominique cozette

Dans les yeux de Johnny

On peut toujours dire ce qu’on veut de Johnny, il a écrit un bouquin édifiant. Une bio eddy-fiente, comme dit son pote Schmoll. C’est un monstre, ce mec, c’est le seul chanteur connu qui utilise la double négation lorsqu’il est interviewé. Ecoutez-le et vous verrez.
Je viens de lire son livre, celui qu’il a écrit avec l’écrivaine là, mais si, celle qui était avec Patriiiiiiiiiiiiiiiiick ! le joueur de poker et j’en suis encore complètement retournée !
Si vous allez chez  votre libraire habituel ou même un autre, c’est le même prix partout grâce à Jack Lang, précipitez-vous sur le livre de Johnny, allez à la page 70 et lisez  jusqu’à la page 155. Et c’est vous qui serez édifié car il y raconte notre histoire éternelle et inoubliable avec une sensibilité qu’on attend peu d’un rocker décadent, un homme de sa trempe qui a tout connu.
Il y décrit avec force détails le platane du boulevard Auguste Blanqui dans le 13ème et son écorce « pittoresque » (voir la photo ci-dessous), il y raconte le bruit du métro aérien qui venait interrompre nos confidences, il se souvient de ce pull à losanges qui m’a coûté la peau des yeux et que je lui avais offert pour qu’il n’attrape pas froid dans le studio où il enregistrait et dont la clim, mal réglée, lui collait des angines, pull qui l’a accompagné lors de sa randonnée en Harley avec les Hell’s qui l’ont d’abord traité de tapette avant de le mettre en pièces (le pull) pour cirer leurs boots. Il en aurait pleuré.
Il évoque avec émotion nos soirées riches et interminables au Bilboquet, rue Saint-Benoît où nous buvions comme des pompiers et nous fumions comme des trous — notre expression préférée car il n’a jamais touché une cigarette ni un verre d’alcool fort — et on se faisait lourder par l’équipe de ménage qui débarquait chaque matin à 14 heures. Il raconte comment je lui limais les ongles façon Elvis, et s’émerveille encore du petit porte-flacon de Tabasco en argent qui ne le quittait jamais et qu’on avait trouvé ensemble chez un  antiquaire de Ryom.
Et puis nos routes se sont séparées par un beau jour de mai, on ne sait pas comment ni pourquoi, le Pim’s sûrement et son lot d’effets secondaires, bref, un jour, j’ai compris que lui et moi c’était fini lorsque Philippe (Léotard) m’appela pour me prévenir que Johnny lui avait piqué Nathalie. Nathalie B. Je lui dis que c’était sa faute, il n’avait qu’à picoler moins, savoir être sobre et modéré comme Johnny car c’est la chose qui l’a tout de suite fait craquer, Nat, sa sobriété.

Bref, je suis toute émoustillée de voir que notre histoire est restée l’une des plus importantes de sa pauvre vie et je vous conseille vivement ce livre qui restera, j’en suis sûre, la marque d’une époque, de notre époque.

Texte © dominique cozette. Photo © Cyril Morange

C’est drôle comme la perpective de partager la richesse peut provoquer la terreur chez certains.

Oh mais vous n’y pensez pas ! Partager mes richesses, moi ? Mais c’est à moi ! C’est moi qui ai gagné cet argent, qui ai bâti ce patrimoine ! Et il faudrait que je partage tout ça avec des gens ? Mais quels gens, d’abord ? On n’a pas été présentés ! Des travailleurs ? Mais moi aussi, je travaille ! Qu’est-ce que vous croyez  ?  Des travailleurs !!! Mais ils ont un salaire, les travailleurs ! Et même des tas d’allocations que je paie, moi, avec les revenus de mon travail. Parfaitement. Sans moi, ils seraient quoi, ces … travailleurs ? C’est grâce à mes taxes, à mes impôts qu’ils jouissent d’un bien-être envié par beaucoup. Oui, envié. Sinon, pourquoi il y aurait tant d’immigrés chez nous si c’était pas tout confort la France, hein ?

Non, non, non, si Hollande passe, je vous le dis tout net, ils n’auront plus rien de moi, les  gens, car vous savez quoi ? Je vais partir. Oui, oui, loin de ce pays ingrat qui ne veut plus de moi. Bientôt, vous allez voir, ça sera obscène d’être riche, enfin, riche, façon de parler, je ne suis pas si riche ! Si vous saviez tout ce que je paie !  Non, non, ne cherchez pas à me retenir, puisque je ne pourrai pas vivre décemment dans mon pays avec ce que mon travail m’a permis de posséder, tiens, ça m’écoeure. Quoi, la démocratie ! Quelle démocratie ? Elle a été inventée en Grèce, que je sache,  la démocratie, et vous voyez où ils en sont aujourd’hui, les Grecs !!! Non, non, ne me retenez pas, ma décision est prise !

(Non, non, on ne te retient pas. On se retient juste de te filer des baffes ! Allez, casse-toi !)

Texte et dessin © dominique cozette

What else ?

Le bomec qui sent le café, pour ne pas citer Jojo Clooney & Nespresso, ça doit pas être rigolo tous les jours pour lui. Imaginez :
1/ Il va dans son magasin préféré acheter quelques belles paires de pompes, trois ceintures et deux sacs de voyages. Au moment de faire le paquet, le caissier, un homosexuel très distingué tout vêtu de blanc cassé, arbore un sourire éclatant assorti d’un clin d’oeil tout ce qu’il y a de plus appuyé pour lui demander : what else ?
2/ Il commande par téléphone une créature pour passer la nuit, un nouveau modèle pas trop bavard, cheveux foncés et peau mate, yeux effilés, corps longiligne, hygiène irréprochable et sexe féminin. Au bout du fil, la pouffe lui demande en pouffant : what else ?
3/ La jeune femme qui l’a dragué avec tellement d’insistance aux awards qu’il l’ a suivie chez elle se disant qu’un petit coup derrière les étiquette, c’est toujours ça de pris, n’en finit pas de jouir, et rejouir et rejouir et réclamer encore et encore…Et lorsqu’il pense en avoir fini, qu’il peut remettre son boxer chiné gris de chez Dim (ben oui, il aime les Dim), elle prend une mine radieuse pour lui demander : what else ? Don’t tell there’s nothing else ?
Vous me direz : avec ce qu’il a touché comme royalties, il peut supporter ces petits désagréments. Eh bien, je ne suis pas sûre. Dans l’avion, au resto, dans la rue, à la pompe, chez le marchand de viande, sur les plateaux de tournage, dans sa boîte au lettres et sa messagerie, aux toilettes dans les boîtes, chez le médecin, il doit entendre ça des milliers de fois. De temps en temps, il doit avoir des envies de frapper, de mordre, de se rouler par terre, de rembobiner sa vie, de tuer, de se jeter par la fenêtre, de tirer dans le tas, de se pendre, de se défigurer, se s’exiler en Papouasie, de… what else ? mais tout else, tout !!!

Texte et dessin* © dominiquecozette
*Pas envie de faire son portrait, j’en ai déjà loupé un dans mon blog, ça va !

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