Bonnet blanc et blanc bonnet

On a partagé tant de choses, toutes les deux ! Des études calamiteuses, des vacances ratées, des larmes, des flirts non aboutis, des gâteaux dégueu, des expériences amères et pénibles, des soupes à la grimace, des gifles et des baffes, des culs tournés, des disputes, des crêpages de chignons, des gueules de bois, des pneus crevés, des blues du dimanche soir, des déprimes d’hiver, des noëls sans cadeaux, des nuits d’amour sans joie, des chefs sans pitié, des colocations miteuses…
Et puis aussi des trottoirs sans soleil, des clients sans hygiène, des macs impitoyables, des passages à tabacs épuisants, des passages à vide lénifiants, des hôtels minables, des fins de mois éprouvants, des rêves avortés, des pleurs sans fin, des gardes à vue innommables…
On a partagé tout ce qu’on a eu, tout. Et tu veux pas me prêter ton bonnet de bain ? Alors là,  je te trouve un peu personnelle, je vais te faire dire !

Texte et dessin © dominiquecozette

Encore une belle idée avortée !

Abortion #6
Abortion #6

C’est une grande gaillarde costaude et décidée. Elle a trouvé, dès l’âge de 15 ans, un procédé infaillible pour mettre fin à toutes les guerres et tous les conflits armés. Elle y a travaillé jusqu’à ce qu’il soit définitivement au point, pour ses 25 ans. C’était formidable, enfin un monde sans guerres ! Bien sûr, les marchands d’armes ne lui disaient pas merci.
Mais cette belle utopie est tombée à l’eau car le jour où cette grande gaillarde aurait dû être conçue, un mardi après le judo sur le banc du vestiaire filles, la mère de la jeune ovulante se fit renverser par un quad, accident bénin mais suffisant pour consigner la jeune fille à la maison. Son copain pensa qu’elle lui avait posé un lapin et de dépit, forniqua avec une pauvre ceinture jaune nommée Rose-Marie Magrotta et la mit en cloque séance tenante. Il en naquit un bébé qui devint petit chef de rayon (principalement poisson et viande) du Mégamarché de la Région. Et qui se passionnait pour les jeux vidéos les plus violents. Comme quoi…

Texte et photo © dominiquecozette

Petit homme

Que peut-il ? Tout. Qu’a-t-il fait ? Rien.
Avec cette pleine puissance, en huit mois un homme de génie eût changé la face de la France,
de l’Europe peut-être. Seulement voilà, il a pris la France et n’en sait rien faire. Dieu sait pourtant que le Président se démène :
il fait rage, il touche à tout, il court après les projets ; ne pouvant créer, il décrète ; il cherche à donner le change sur sa nullité ; c’est le mouvement perpétuel ; mais, hélas ! cette roue tourne à vide. L’homme qui, après sa prise du pouvoir a épousé une princesse étrangère est un carriériste avantageux. Il aime la gloriole, les paillettes, les grands mots, ce qui sonne, ce qui brille, toutes les verroteries du pouvoir. Il a pour lui l’argent, l’agio, la banque, la Bourse, le coffre-fort. Il a des caprices, il faut qu’il les satisfasse. Quand on mesure l’homme et qu’on le trouve si petit et qu’ensuite on mesure le succès et qu’on le trouve énorme, il est impossible que l’esprit n’éprouve pas quelque surprise. On y ajoutera le cynisme car, la France, il la foule aux pieds, lui rit au nez, la brave, la nie, l’insulte et la bafoue ! Triste spectacle que celui du galop, à travers l’absurde, d’un homme médiocre échappé « .

Victor HUGO, dans  » Napoléon, le petit  »
Réédité chez Actes Sud
Dessin © dominiquecozette

(Entendu Besson ce matin, horreur, je l’avais espéré englouti dans un bug New year ! Pouah !

Fin de partie

Putain ce qu’on a pu se marrer dans cette boîte où je passais mes vacances ! On  buvait du bourbon-coca gratos à volonté, les nanas en mini-jupes aux jolies jambes, et quand on était pafs, on dansait comme des tarées sur une estrade d’où les voyeurs pouvaient voir … pas grand’chose car les strings n’existaient pas et on portait culotte. Parfois, monsieur Eddie Barclay débarquait avec sa clique et il offrait le champ à tout le monde. Nous, il nous ramenait chez lui et nous faisait danser au bord de sa piscine tandis que ses invités connus se poussaient à la baille les uns après les autres et gueulaient parce que leurs montres prenaient l’eau. Y z’avaient pas encore de montres étanches, eux non plus d’ailleurs l’étaient pas, parce qu’on les emmenait souvent aux urgences pour les vider. Y avait Sacha qui prenait sa guitare sur le coup de l’aube et il croonait. Quelques couples faisaient l’amour dans les fleurs et moi je m’endormais de toute façon dans la balancelle. Dès que je fumais un joint, toc, dodo. Voilà.
Aujourd’hui le lieu est devenu une permanence pour des sans foyer, c’est pas la même ambiance. Mais à Noël et au premier de l’an, il y avait des rires qui fusaient et des bouchons de champagne qui pétaient. Y en un qui est sorti tout éméché, de blanc vêtu, je vous jure, on aurait dit Eddie Barclay. Sauf qu’il était avec une vieille. Là, je me suis dit : non, c’est pas lui !

Texte et photo © dominiquecozette

Vive la galette !

C’est tout bête, mais les hommes sont bêtes. Ils étaient une petite bande de potes, tranquille, et y en a un qui dit : Tiens, si on tirait les reines ? Et ils ont commencé à broder autour de ce thème récurrent de l’épiphanie et ils en sont venus à se demander si untel ne tirerait pas la reine d’untel et coetera. Et des choses ont fusé du genre ça me ferait mal aux c… de la tirer , c’est un thon. Ou au contraire, tu parles ! Y a longtemps que tout le monde la tire, ta reine ! Vous voyez l’ambiance. Alors ils ont commencé à se foutre dessus grave et ça a dégénéré en baston et puis toute la bande élargie s’y est mise, les quartiers, tout ça, ça a sorti des lames, des feux et puis y a une balle qu’ a été tirée. Et puis Y a Momo qu’est tombé. Momo qui passait par là pour aller acheter une petite galette à sa mère et à ses soeurs. Et tous ces cons se sont barrés. Y en a un qui a même dit : c’est Momo qui a eu la fêve. Mais ça a fait rire personne. Voilà cette triste histoire.

Texte et dessin © dominiquecozette (d’après une sculpture au Musée d’Orsay).

Merci qui ?

Faisons tous comme Philippe Katerine en cette saison d’agapes, remercions chacun des animaux sacrifiés à notre gourmandise.

Poulet N°728 120
Poulet de Vendée
Elevé en plein air
89 jours et 90 nuits

Parmi 380 autres poulets
Alimenté avec 75% de céréales
Le 3 décembre 1998
A l’abattoir de St Fuljean
Electroculté, Vidé, déplumé, lavé, conditionné, labellisé le poulet

Le 11 décembre 1998
je l’ai acheté 52 francs 55
Chez le boucher chauve,
Rue de la bastille.
Je l’ai mangé chaud le midi,
Froid le soir, avec une bouteille de vin rouge.
Je l’ai adoré le poulet

Poulet N°728120
Je t’aime, je pense à toi.

Chanson © Philippe Katerine / dessin © dominiquecozette

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