
(Rentrée littéraire) Toutes les vies de Rebeka Warrior m’a proprement scotchée, je l’ai lu d’une traite. Rebeka est chanteuse, autrice, compositrice, et DJ. Et n’ peur de rien. Elle mixe un peu partout dans le monde et produit aussi. C’est son premier livre, c’est son histoire. Romancée dit-elle mais ça sent le vécu. D’ailleurs les intervenants ont ici leurs vrais noms.
Tout commence par un coup de foudre avec Pauline dans un boîte. Comme elles sont en couple toutes les deux (Pauline vit avec un mec), la fusion prend quelques temps se concrétiser. Puis ensuite, l’explosion, amour total, irrésistible, énorme, les voyages partout pour la musique, Rebeka est une baroudeuse, elle adore les endroits border-lines et mal famés. Mais un jour, boule dans le sein de Pau. Elles préfèrent continuer leur trip que de rentrer, elles sont jeunes, même pas peur. Mais c’est un cancer du sein plutô étendu. Alors, d’amante incandescente, Rebeka va devenir aidante infatigable, puis fatigable à mesure que la maladie s’étend, que son amoureuse se dégrade. Ça va être très long, très très long, avec le faux espoir d’une courte rémission. On sait qu’elle mourra. L’aidante elle-mêmene peut plus assurer, elle va même jusqu’à s’exploser ailleurs.
La suite c’est comment elle a réagi. Evidemment très mal, auto-destruction, démotivation, dépression et toutes sortes de substances. C’est la littérature qui l’a sauvée, philosophie beaucoup, et le bouddhisme et beaucoup de pratiques spirituelles et d’expériences limites voire très dangereuses. Après quelques années, elle a fini par reprendre goût à la vie, à la création, et à l’amour, même si Pau sera toujours en elle.
Un récit scotchant, tranchant, sec parfois mais aussi bourré de poésie, inégal collage de listes, un rythme particulier d’une écriture très personnelle, très saccadée.
Bouleversant.
Toutes les vies de Rebeka Warrior, 2025 aux éditions Stock. 280 pages. (Sortie le 20 août)
Texte © dominique cozette