
Rentrée littéraire. Tout ouïe est le roman surprenant d’Alexandre Postel qui avait commis Un homme effacé, Prix Goncourt du premier roman. Ici, il mêle deux histoires de façon naturelle. La première est celle, assez succincte, d’une jeune éditrice à qui un homme qu’elle connaît peu, qui a épousé sa meilleure amie à la suite de quoi elles se sont perdues de vue, la contacte et lui propose un sujet de roman. Elle accepte son deal : il lui enverra un chapitre chaque semaine, il y aura dix en tout.
La deuxième histoire est donc celle du roman et de son narrateur, élevé par une grand-mère stricte (sa mère, décédée, l’a eu sans père), très solitaire, préférant la nature aux gens, sans vraiment d’amis. Très jeune, il entend un couple faire l’amour dans une grange, il est frappé par le son qu’émet la femme en extase. Ce son lui procure une sensation telle, alors qu’il ne le comprend pas, que ça en deviendra plus tard une obsession. Pas doué pour les relations amoureuses ou pour le sexe, il sera perpétuellement en quête d’orgasmes féminins audibles dans les immeubles mal insonoriés, les voitures etc…
Alors que sa grand-mère fait tout pour qu’il réussisse de belles études, il rate toutes les occasions de se réaliser. Lorsqu’il trouve un emploi dans une agence immobilière, eurêka, il met au point un système pour détecter les sons chéris, placer des micros, les enregistrer, etc.
Chaque chapitre envoyé à la jeune éditrice met celle-ci mal à l’aise, mais elle ne sait pas trop pourquoi. Ce qui est intéressant, c’est l’analyse qu’elle fait de cette littérature, de cette idée et toutes les questions qu’elle pose en sa quaalité d’éditrice.
Les dix chapitres envoyés, le livre sera-t-il publié ? Saura-t-elle le défendre devant le comité de lecture ? On sait dès le début que l’auteur mourra quelques mois après le premier envoi… La fin du livre est d’ailleurs inattendue. Tout au long de cette fiction, on verra comment la narrateur se débat avec ses problèmes d’ouïe.
J’ai beaucoup aimé même si un ou deux chapitres m’ont paru moins passionnants.
Tout ouïe d’Alexandre Postel, 2025, aux Editions de l’Observatoire. 250 pages, 22 €.
Texte © dominique cozette
Ce livre est vraiment captivant, même si certains chapitres sont un peu moins percutants. Lidée de suivre lauteur dans ses doutes est excellente ! Jai beaucoup aimé.