Il s’appelle Martin Page, il est écrivain, nom prédestiné. Mais là n’est pas le propos de son dernier opus, Manuel d’écriture et de survie, écrit sous forme de lettres envoyées à une jeune étudiante désireuse de publier. Elle a déjà commis une ou deux nouvelles intéressantes et demande conseil (enfin, on suppose puisqu’on n’a pas accès à sa correspondance) à un « jeune » écrivain chevronné. Intitulé manuel, ce livre est plein de sagesse et de conseils donnés à un auteur en herbe, un peu comme l’avait fait Rilke en son temps dans ses Lettres à un jeune poète. Ce qui est plaisant, ici, c’est le côté pragmatique de ce que Martin Page transmet à la jeune femme, comment travailler, que penser de l’avis des autres, à qui envoyer son manuscrit, comment transformer les refus en énergie positive, échapper à l’emprise de l’édition parisienne et ses petits barons, etc.
Il décrit également, dans le détail, la façon de vivre de l’écrivain. Lui-même a choisi de quitter Paris et de s’installer dans une ville agréable avec son amie musicienne pour se consacrer à son art. Il sort peu mais apprécie les échanges épistolaires, ou via le net où il tient un blog (nous sommes d’ailleurs « amis » sur fb mais je ne le connais pas plus que ça), les rencontres lors des déplacements littéraires et des signatures. Il évoque les différents façons de gagner sa vie quand les droits d’auteur ne suffisent pas : ateliers d’écriture, résidences, rédaction de textes… Lui-même écrit pour la jeunesse. Tout lui est bon pour écrire, d’où le titre de cet article.
J’ai bien aimé la sincérité de ce livre qui traite aussi de l’amitié, la jalousie, la bienveillance et … l’esprit français.
Manuel d’écriture et de survie de Martin Page aux editions du Seuil. 2014. 172 pages, 14 €.
Texte © dominique cozette