Je n’avais pas lu ce roman de Romain Gary, sorti en 1970, appelé Chien Blanc. Et au début du bouquin, je me demandais pourquoi le berger allemand, gentil comme tout, qui s’invite dans le jardin de Romain, était appelé blanc. On comprend plus loin. Les faits sont-ils réels ? En tout cas, leur base l’est puisque Romain Gary est lui-même, il rejoint sa jeune épouse Jean Seberg à Los Angeles, dans une de leurs maisons. Ils adorent les animaux, ils chérissent un chat et ont un labrador. Puis s’invite, accompagnant ce dernier, le fameux berger allemand, un amour de chien, qui fait la fête aux propriétaires et à leurs amis. Quelques jours plus tard, ce chien se transforme en fauve déchaîné lorsque l’employé à la piscine veut entrer dans le parc. Il est noir. Gary pense qu’il s’agit d’un cas isolé. Mais un livreur noir provoque la même haine. Puis un autre. Intrigué, ne voulant pas y croire, Gary va chez un éleveur dresseur de ses amis qui lui explique qu’il agit d’un Chien Blanc, un chien dressé pour agresser les Noirs, pour garder leur maison et « prévenir les viols sur leurs épouses ». Gary est désemparé, écœuré aussi. Comme ce chien est formidable à part ça, il demande à ce qu’il soit « guéri ». Mais le spécialiste, qui a toujours répondu à n’importe quel problème animal (notamment sur les serpents venimeux) affirme qu’il est trop tard, le chien a sept ans, impossible de revenir en arrière.
Ce livre qui traite principalement du problème racial, du racisme aux Etats-Unis, est particulièrement instructif. On y assiste à l’assassinat de Martin Luther King et aux réactions de l’entourage de Gary et surtout de Jean Seberg qui était une très grande défenseuse de la cause des Noirs. On y assiste aussi à des épisodes de mai 68, car Gary est allé à Paris à ce moment-là, habitant dans le quartier latin. Puis on y rencontre Ted Kennedy qui prépare sa campagne et on y apprend des tas de choses sur la politique extérieure (Gary a été ambassadeur de France à Los Angeles, entre autres) et américaine.
Et c’est tellement bien écrit !
Chien Blanc de Romain Gary, paru en 1970. Chez Folio. 220 pages, 6,60 €.
Texte © dominique cozette