C’est le titre du bouquin que je viens de finir. De Natalie David-Weill, avec, en sous-titre « humour ». Oui, bien sûr, c’est assez amusant de voir les mères abusives de génies comme Einstein, Albert Cohen, Romain Gary, les Marx Brothers, Proust et Woody Allen rivaliser d’admiration pour leurs chérubins qui ont réussi grâce à elles, aux soins qu’elles leur ont prodigués et à leur amour inconditionnel.
Le pitch : une jeune mère juive de 40 ans, morte dans un accident, se retrouve au paradis avec toutes ces mères. Elle-même chérissait son fils mais il n’a que 20 ans et pas eu l’occasion d’étaler ses dons. Curieuse de savoir comment on fait pour obtenir des fils pareils, armée d’une culture tentaculaire, elle peut à loisir les questionner, les mettre en compétition ou les critiquer.
Dans ce paradis, il y a des cuisines pour y faire des gâteaux, de confortables fauteuils, une immense bibliothèque et des jardins. Et des chambres pour celles qui veulent dormir. Le confort pour l’éternité.
Rebecca essaie donc de comprendre si c’est le fait d’être une mère juive accaparante qui fait d’un garçon un génie ou si un petit génie génère l’instinct de couvaison de la mère. Elle explore le passé amoureux de chacune, le type de père qu’elles ont donné à l’enfant, le ressenti de l’enfant par rapport au sentiment étouffant qu’engendre cette sorte d’amour, leur santé aussi car beaucoup de ces génies étaient fragiles, maladifs, hypochondriaques, voire suicidaires.
Et c’est assez drôle de les entendre parler de leur intimité avec leurs rejetons, notamment Sigmund ou Marcel.
L’auteure est fortement documentée et elle apporte beaucoup d’éclaircissements sur la vie des uns et des autres, la fabrication du chouchou, notamment chez les nombreux Freud, ou encore chez les Marx, et sur les ruses des fils pour feindre un amour réciproque masquant une haine assassine.
Sur la forme, c’est un peu répétitif et sommaire, l’auteure procédant par questions/réponses sans trop de nuances. Mais ça se lit facilement sous un arbre au soleil ou dans une véranda sous la pluie.
Le livre peut donner le goût de (re)lire les oeuvres majeures des écrivains (la drôle et formidable promesse de l’aube de Romain Gary) ou de revoir certains films de Woody Allen dont je vous conseille l’excellentissime moyen métrage sur sa mère calamiteuse, Oedipus Wrecks, 40′, en intégralité ici, (je n’ai pas vérifié si le lien marche jusqu’au bout) tiré de New-York Stories.
Le livre existe en poche.
Les mères juives ne meurent jamais de Natalie David-Weill, 2011 chez Points. 260 pages, 6,70 €
Texte © dominique cozette