Caca boudin et bien pire

Vous réclamez de la culture ? En voici.
Et ça me fait bien rire.
Rue de Turenne, au 57, une minuscule galerie vient de s’ouvrir, 50 m2, elle s’appelle Pièce Unique. Car comme son nom l’indique, il n’y sera présenté qu’une œuvre. Ce n’est pas la première fois, selon le Monde 2 — presque deux pages sur ce lieu d’importance pour les chochottes de l’art gagosiano-perrotiniens — qui vante la niche appartenant à Massimo de Carlo. Je passe sur l’historique du galeriste mondialement connu ayant exposé d’immenses artistes internationaux. Il a confié les travaux de sa galerie au « starchitecte » Kengo Kuma, nippon comme il se doit, qui a construit le stade des Jeux Olympiques de Tokyo, c’est quand même pas rien, et qui annonce que « les petits projets sont essentiels pour mon approche conceptuelle car je peux y expérimenter des idées plus librement, avec moins de contraintes et ensuite les reproduire à plus grande échelle si elles ont fait leurs preuves « . On peut aussi appeler ça une maquette. Le concept du galeriste : « Il me semble nécessaire de revenir à l’idée du visiteur seul face à une œuvre ». Bon. J’ai hâte de voir le prochain vernissage déconfiné.
Le travail est soigné, les pierres lutéciennes ont été mises à nu et sablées, ainsi que poutres et lattes. La « banque d’accueil » a été dissimulée derrière une cloison, un parallélépipède de calcaire découpé dans le sol de Saint Maximin et laissé tel quel. Le sol en argile parachève cette symphonie de blanc, travail d' »une discrétion absolue ». Quant à la baie, elle est d’un verre soigneusement sélectionné pour sa transparence qui n’offre aucun reflet. Et doit coûter la peau de paupière d’un cyclope.
Pourquoi me moqué-je ?
Parce que. Vous allez voir.
La personne de la banque d’accueil, fort sympathique, a insisté pour que j’accepte de prendre l’argumentaire. Une simple feuille A4, 80 grammes à vue de doigt, imprimée recto verso en corps 11 qui résume Massimo de Carlo puis nous informe sur l’œuvre de Kaari Upson (mini-bio au verso) intitulée Clay Baby (ce qui pourrait signifier bébé d’argile, mais c’est de la céramique). Et c’est la critique Myriam Ben Salah qui s’exprime :
TENEZ-VOUS BIEN !
« Gazon en plaque brûlure de merde brûlure des fesses brûlure de trou du cul crotte cuite au barbecue prêt remous miam miam, Paul Mc Carthy. (que vient-il faire là ?).
Je vous passe le travail archéologique qu’il lui a fallu faire pour justifier les trous de balle marron de la fillette penchée en avant « prête à déféquer ». Tout s’éclaire (!) à la fin : Si vous remplissez les fesses de Clay Baby et que vous les allumez, si vous lui enfoncez un bâton dans le derrière  — excusez mon français — elle défèquera des cendres, ouvrant la voie à une herméneutique de la décomposition. Spodomantie : divination par les cendres. Nous ne savons pas d’où vient Clay Baby mais il semblerait qu’elle sache où nous allons. »
Au zwater peut-être, je ne sais pas, je m’esclaffe en lisant ceci, c’est moins de l’art que du cochon quoique… Je suis subjuguée, je vous l’avoue, et me dit, in petto, avant de ressortir sous la pluie parisienne : tout ça pour ça…
(Mais c’est ça, l’art contemporain, imbécile, tu n’as rien compris). OK.

Galerie Pièce Unique. 57 rue de Turenne. 75003. Paris.

Texte © dominique cozette

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