Sagan 1954, soixante ans déjà !

Encore un livre sympa, j’ai de la chance en ce moment, sorti cette année et qui nous raconte Sagan, Françoise, en 1954, à l’aube de sa gloire naissante puisque c’est l’année où elle écrit et envoie bonjour tristesse. Et où de vieux messieurs des éditions Julliard, se penchant dangereusement sur sa prose mi-ado mi-mature, décrètent que c’est une bonne graine d’écrivain.
Le livre d’Anne Berest est frais, primesautier et joyeux, bien qu’écrit pour survivre à une rupture désolante.
Elle va rencontrer des gens d’avant, de l’époque, se plonger dans nombre de documents, bio, films qui racontent l’époque — elle ne manquera pas d’y croiser BB qui fait aussi sa sortie à ce moment, femme libre autant que Sagan, adeptes qu’elles sont toutes deux de Saint Trop et bringues diverses — et nous relate Paris, Saint Germain des Prés et les jeunes filles qui n’avaient pour tous vêtements que les fringues de leurs mères, leurs robes du soir, fourrures, gants et chapeaux. Qu’enfile Sagan pour ses premiers succès.
Sagan, alias Quoirez, a eu une enfance dorée entre une mère coquette, curieuse et excentrique, un père généreux et bienveillant qui lui filait une liasse de billets pour qu’elle dîne chez Lipp avec sa pote Florence. Florence ? Oui, Flo Malraux, excusez du peu, sa copine de classe. On croise dans ce Paris noctambule des figures comme la Duras, ceux de la Nouvelle Vague, mais aussi d’illustres inconnus de l’auteur de ce livre qui nous fait part de sa démarche, des coïncidences, de l’esprit de Sagan entré en elle pour l’emmener au casino et la faire s’enivrer.
On y envie Sagan d’avoir eu un frangin, copain de Maurice Ronet et autres fêtards, on y apprend l’énorme secret de famille, la perte d’un petit frère éternellement regretté, compensée par sa naissance et l’adoration que ses parents lui vouent.
C’est du rapide, du 200 à l’heure comme les bolides — décapotables conduits pieds nus — de Sagan qui nous décoiffe encore, soixante ans après. Très bel hommage à une sacrée nana !

Sagan 1954 par Anne Berest chez Stock, 2014? 200 pages, 18 €.

Texte © dominique cozette

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