Dubois dont on fait les meilleurs bouquins… bravo m’sieur Jean-Paul

Quelle toujours super bonne nouvelle la sortie d’un nouveau Dubois. Celui-ci, le cas Sneijder (vous jure, ce nom !) bat tous les records de mon admiration. C’est l’histoire d’un homme lâche, enfin ça ne saute pas aux yeux tout de suite, mais il est extraordinairement lâche, au point de sacrifier sa fille à ses deux exécrables jumeaux. Sa deuxième femme, une vraie pouffiasse, je veux dire une wonderwoman qui vit selon les codes actuels : efficacité, ambition, soin maniaque de son image n’a que  mépris pour tout le reste, pour les sentiments, la curiosité intellectuelle, le bonheur ou son semblant.
Monsieur S…machin a suivi sa mégère et ses « univitellins »  — car ils ne sont pas dizygotes —  au Canada où s’épanouit sa carrière (à elle). Lui fait ce qu’il peut jusqu’à ce dramatique accident d’ascenseur. Je n’en dirai pas plus. On s’en fout, vous le lirez vous-même. L’intérêt de ce bouquin, c’est que Dubois nous donne à considérer la vie, ou la société, ou le couple, enfin tout, avec un regard différent du nôtre. Il réussit à mettre des mots là où il n’y en avait pas. Chaque paragraphe est d’une précision d’entomologiste. Ça nous (quand je dis nous, j’attige car je parle pour moi) met en position de l’ignare, du sauvage, du mal éduqué, celui qui ne sait pas nommer ce qui titille et donc qu’il ne nomme pas, donc qu’il tait. Et ça n’existe pas. Avec Dubois, plein de choses se mettent à exister parce qu’il met le doigt dessus. Ce n’est pas le moindre de ses talents.
Car c’est toujours bien documenté, dans ses histoires. Monsieur S…bidule, après cet accident que personne ne peut expliquer parce qu’il ne peut pas se produire, se met à étudier tout ce qu’il trouve sur les ascenseurs du monde entier et nous en apprend de bien bonnes. Et nous montre comment notre société verticale s’articule autour de ce moyen de transport sans lequel rien ne serait possible ce qui fait notre présent. Il y a aussi un délire sur les nombres premiers qui deviennent des palindromes quand on les multiplie, et quelques anecdotes sur les promeneurs de chiens, dogwalkers.
C’est passionnant. C’est simple. C’est spirituel. C’est un super bon roman. Un seul défaut et il est de taille : p. 215, douzième ligne, trois mots sont mal imprimés, un peu bouffés. Franchement, l’Olivier… Bon, allez, ça ira pour cette fois.

Jean-Paul Dubois. Le cas Sneijder. L’olivier, 2011. 218 pages.

Texte et dessin © dominique cozette

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