Ce film ça m’a bouleversée. C’est gigantesque, énorme, au plus près de l’émotion. La violence de la pauvreté le dispute à la gaité d’être en vie, ce sont des femmes, des héroïnes, des nanas majuscules, ou si petites, scarifiées au sens propre comme figuré, solides et simples. Pas une seule paupière maquillée, ce qui peut parfois faire ressembler leur regard à celui d’un homme, mais quelques bijoux pour faire joli, des voix venues du milieu du siècle dernier à celles de petites filles qui parlent comme des grandes et puis, derrière elles, en fond ou en vedette, d’immenses photos de leurs yeux, de leurs faces, de leurs grimaces, de leurs rires. JR nous transporte de bidonvilles en favelas, du Brésil au Cambodge, d’Inde au Kenya. Il joue sur des effets très spéciaux et sans modération comme le time-lapse, accéléré énorme qui nous fait cavaler dans les ruelles ou nous fait passer du jour à la nuit en un clin d’oeil, c’est le cas de dire. Ce film m’a emportée avec lui, j’y suis encore.
Les hommes dans tout cela ? Scotchés ! Il faut les voir découvrir leurs compagnes emplissant d’un coup leur espace vital. Ce sont d’ailleurs eux qui aident à tirer, porter, tendre les gigantesques bâches sur les tôles ondulées. Et puis, vers la fin, quand le train qui transporte les yeux s’aligne sur les bas de visage des ballasts, c’est une explosion de joie partagée par tous !
« A aucun moment ne vient la question de la pauvreté. J’ai surtout vu que les gens font de l’art un besoin essentiel, primaire. C’est un réel besoin qui vient très vite après manger, ou boire. Un besoin de culture. Mon film voulait montrer ce désir-là, qui va à l’encontre des clichés que l’on peut avoir sur ces endroits du monde ». (Causette, janvier-février 2011) C’est exactement ça !
JR a remporté le Ted Prize, qui récompense un humaniste.
[Si vous avez le choix, voyez-le en VO. Les intonations de ces femmes en VO, c’est top.
Texte © dominiquecozette
GÉANTISSIME, GRANDIOSE, BOULEVERSANT…