Diane Keaton, pas Buster, ni Closer…

Voici un livre de mémoires, c’est écrit dessus, il s’appelle « une fois encore » (genre de titre qui ne veut rien dire et dont on ne se souvient jamais) de Diane Keaton, actrice bien aimée de tous, enfin presque, car personne n’a de raison de ne pas l’aimer, un peu comme Edward Hopper. Donc je me suis ruée sur le livre où elle pose dans toute la splendeur de ses t’huit ans, grand feutre noir et pieds en l’air, pensant y partager ses souvenirs de Manhattan avec Woody qui n’est pas resté de bois (ha ha ha !) devant cette charmante créature à leur époque heureuse.
Hé bien balpeau. De Woody, il est question, forcément puisque c’est pour Annie Hall qu’elle a reçu l’Oscar. Or quand elle a reçu l’Oscar, elle n’était plus avec lui mais avec Warren. Warren Beatty, voyons. On apprend qu’elle aime toujours tendrement Woody, elle a d’ailleurs remplacé Mia Farrow au pied levé dans je ne sais plus quel film au moment où les époux Allen frayaient avec les mauvaises chroniques des faits divers.
Donc, nous ne saurons rien de rien de sa vie avec Woody Allen, sauf que c’était un gars un peu compliqué, merci du renseignement, pas plus qu’avec Warren sauf qu’il était considéré comme un coureur de jupons, merci encore, et encore moins avec Al Pacino, sauf qu’il avait un grand nez, qui l’eût cru ? Et quand elle dit nez, elle ne dit pas autre chose.
On apprend quand même qu’elle a été boulimique grave, elle apparaît comme pas très entreprenante,  un peu floue comme fille. Les choses lui tombent dessus, comme ça. On a l’impression de quelqu’un de velléitaire, de dilettante, d’assez fade finalement.
Alors quid de ce livre ? Ce livre est tout bonnement celui que sa mère voulait faire, sa mère chérie, morte d’Alzheimer dans ses bras, entourée des autres frère/soeurs de Diane, sa mère qui avait rempli des milliers de pages sur sa vie, ses enfants, ses désirs et fait des centaines de collages s’y rapportant, que Diane a retrouvés après. Qu’elle n’a pas eu le coeur de bazarder. Donc, dans ce livre, Diane nous conte son père, sa mère son frère et ses soeurs, tous très beaux à en croire les photos. Elle nous raconte aussi son parcours dans le théâtre et le cinéma et met en parallèle les écrits de sa mère à la même époque.
L’on peut dire que la mère a plus de talent littéraire que la fille car elle analyse, elle détaille, elle appuie où ça fait mal. Diane, pas vraiment. Elle manque de profondeur et de dramaturgie (ça se dit ?). C’est un peu plat, parfois charmeur si on aime se retrouver dans l’Amérique des sixties et d’après. Elle évoque plus longuement les deux petits qu’elle a adoptés après 50 ans pour être moins seule et compare sa vie de « jeune » mère à celle de sa mère qui, au même âge, n’avait plus ses enfants à la maison.
Un peu décevant malgré tout car on y cherchait du Woody Allen, de l’humour, de la dérision : il n’y  en a pas. C’est juste une nana comme vous et moi qui avait envie d’écrire sur ses liens familiaux. C’est déjà pas mal.

Diane Keaton, Une fois encore, Robert Laffont 2011, 314 pages 21 euros.

Texte © dominique cozette.

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