Un livre pro-choice VS pro-life et d'Uber aussi

Les Hommes ont peur de la lumière de Douglas Kennedy, drôle de titre qui ne dit rien du tout sauf peut-être à Afflelou et Atoll. Et pourtant ce livre est vraiment de circonstance dans l’actualité sociale pour deux raisons fortes : Uber et la loi anti-avortement aux Etats-Unis.
Le narrateur, Brendan, malheureux dans la vie que son père a choisie pour lui, se retrouve faute de mieux chauffeur Uber. Précaire, quoi. Là, on se rend compte de tout ce qu’il faut de nécessité vitale pour avaler les couleuvres de cette plate-forme dénuée de toute humanité, de ce qu’il faut supporter de clientes (ici ce sont surtout des Américaines de L.A)  pour ne pas avoir de notation négative qui t’enlèverait ton seul moyen de survivre. Beaucoup de détails sont passés au crible de cette clientèle (ce qui renforce le sentiment de trahison de Macron que beaucoup ne digèrent pas, concernant ses tractations avec cette multinationale). Par ailleurs, il est marié à une femme qui s’est soumise à je ne sais plus quelle secte catho intégriste pro-life, active et totalement fermée à toute discussion. Ils ont une fille qui bosse dans le social, mal aimée par la mère (elle a remplacé un fils mort adoré) mais qui adore son père. Au moins ça pour lui.
C’est dans ce véhicule hyper bien entretenu qu’il charge Elise, une veuve qui voue sa vie à aider les femmes sur le point d’avorter. Mais arrivés devant la clinique, ils sont pris à parti par un groupuscule pro-life, animé d’une grande violence puisqu’un vigile est tué. Et que le taxi, unique instrument de travail de Brendan, se trouve fortement endommagé.
Pour compliquer la chose, cet attentat est filmé et passe sur les RS et à la télé. Brendan va devoir affronter Todor qui est non seulement son meilleur ami d’enfance mais aussi la figure de proue de la branche réac catho qui a endoctriné sa femme.
Beaucoup de suspense dans cette histoire car la fille, à son tour, va être dramatiquement mêlée à l’affaire qui a buzzé dans tout le pays. Elle est au centre d’un vrai cauchemar, et Brendan va devoir voler à son secours et à ceux de gens qui ne comptent pour rien face à l’énorme Goliath du mouvement pro-life, tenu par un richissime mécène sans aucune moralité, puissance qui n’en est pas à une exaction près. La fin est un peu grandiloquente, pleine de retournements de situation.
Mais n’empêche, ce livre est très intéressant pour comprendre certaines mentalités au sein de ce pays qui fut longtemps synonyme de liberté.

Les Hommes ont peur de la lumière ( Afraid of the Light) de Douglas Kennedy, 2021, traduit par Chloé Royer. Editions Belfond. 256 p. 22 €

Texte © dominique cozette

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