Oeuvres à la tronçonneuse

Du très lourd ! Impressionnant ! Je parle des sculptures de Baselitz que je viens de voir au Musée d’Art Moderne de Paris. A coup de hache et de tronçonneuse, il nous découpe dans des troncs gigantesque des portraits de personnages bruts, vaguement peints d’une ou deux couleurs, voire recouverts d’un tissu imprimé, et toujours énormes : têtes de femmes et d’hommes d’un mètre vingt minimum, personnages de deux mètres cinquante qui vous toisent avec un certain humour. Les derniers sont des autoportraits où il porte  une casquette avec inscrit « zéro » dessus et où le sexe pointu jaillit du short trop large.

Baselitz est né en 1938 à Deutschbaselizt, en Saxe, dont il empruntera le nom car il s’appelle Hans-Georg Kern.  Son père, instituteur et bon citoyen, inculque l’idéologie nazie aux jeunes enfants et ainsi, Georg sera enrôlé dans les jeunesses hitlérienne dès 43. Par la suite, cette expérience totalitaire n’aura de cesse de l’interroger, Baselitz se défendant d’en porter une part de responsabilité vu son très jeune âge.

Jeune homme, il commence par peindre des paysages et des natures mortes, la pipe au bec,  et se fait virer de son école d’art plastique pour manque de maturité socio-politique. Il décide de passer à l’ouest. Et y reste.

Gros scandale en 1963 qui va le lancer : pour sa première grande expo dans une galerie du centre très bourge de Berlin, il affiche un tableau intitulé « la grosse nuit foutue » qui représente un jeune garçon se masturbant. Tableau saisi, procès pour outrage aux bonnes moeurs, sa réputation d’artiste provoc est faite.

En 75, il innove en peignant ses portraits à l’envers, tête en bas, un moyen de « se libérer » du tableau.

C’est en 80 qu’il brandit la tronçonneuse pour  des oeuvres qu’il expose à Venise. Il est définitivement un immense artiste.

Il serait dommage que vous laissiez passer cette gigantesque et formidable exposition. C’est au MAM jusqu’au 29 janvier 2012.
(En revanche, je ne vous conseille pas les cookies de la cafèt, secs et durs comme des copeaux).

 

Texte d’après Beaux Arts sur Baselitz.

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