Sphinx

Sphinx. Pourquoi ce titre ? Je ne sais pas. Une énigme. C’est signé d’une auteure suédoise, Christine Falkenland, qui en écrit plus d’une vingtaine et ce n’est pas un livre très léger. Ni très gai. Voici : Une quadragénaire abandonnée par son mari après un mariage plutôt calamiteux mais avec ses moments de bonheurs, apprend que son ex-mari a non seulement retrouvé une femme, mais qu’en plus elle est jeune, qu’en plus elle est belle et qu’en plus elle est riche. Ça l’achève. Elle n’aurait pas parié trois kopeks sur cette éventualité. Ça la mine, terriblement, incessamment, irrémédiablement. Elle a beau avoir une fillette qu’elle adore née d’une union antérieure — le père s’est tiré et ne les revoit plus — elle ne se remet pas de penser que cet homme qu’elle a déniaisé, qu’elle a rendu meilleur, plus agréable, plus fréquentable, soit heureux loin d’elle et l’oublie.
Le pire, c’est que cette femme, Claire, lui a donné un petit garçon, un beau petit mec qui joue à la Nintendo dans leur belle voiture. Alors qu’elle, quand elle s’est retrouvée enceinte de lui, a dû se faire avorter. Et c’était un petit garçon.
Ça, c’est l’histoire.
L’originalité du roman tient à sa forme : ce ne sont que des lettres de cette femme délaissée, mal dans sa peau, qui tente le culturisme pour maigrir, envoyées à Claire, au début sans acrimonie, puis qui monte d’un petit cran chaque fois dans sa folie obsessionnelle, son amertume, sa jalousie. Quiconque a éprouvé cette forme de jalousie ou de dépit peut comprendre la démarche de cette femme. Jusqu’à un certain point, bien sûr.
Aucune réponse aux lettres, elle n’en attend pas. Mais son aveuglement est inexorable, d’ailleurs c’est écrit en quatrième de couverture : l’issue s’annonce fatale.
Psychologiquement très intéressant.

Sphinx de Christine Falkenland aux éditions Actes Sud, 2014. 2011 en Suède. 230 pages. 21 €/ Traduit par Anne Karita.

Texte © dominique cozette

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