De beaux lendemains

Vous allez me dire : encore un écrivain américain et un livre pas très récent dont on a tiré un film.  Je vous répondrai oui. De beaux lendemains de Russel Banks est un très très bon roman qui se situe dans une petite bourgade du nord de l’état de New-York, paysage souvent enneigé lors des saisons fraîches. Ici, tout le monde se connaît, tout le monde se fréquente, mais aussi certains ont leur petit ou grand secret. Un jour comme un autre, Dolorès, au volant de son car scolaire, fait son ramassage d’enfants de tous niveaux, une bonne variété d’enfants, les renfrognés, les chahuteurs, les sages. Le père des jumeaux suit le car comme chaque matin pour répondre aux signes de ses enfants à l’arrière du car. Il ne fait pas trop attention, pensant à ses séances de baise très discrètes avec la femme de son ami lorsque le car fait une embardée, dévale dans le décor et s’abîme dans un plan d’eau. Plusieurs enfants meurent, une ado de 14 ans est gravement blessée et ne pourra plus marcher, la conductrice est sauve. C’est la consternation, évidemment. Le traumatisme.
L’accident et son dénouement vont  être exposés par quatre intervenants qui ont chacun leur propre histoire. D’abord (et à la fin) la conductrice, une femme appréciée dont le mari est en fauteuil roulant, qui se sent forcément coupable bien qu’elle roulât à une vitesse normale. Puis Billy, le père des jumeaux qui suivait le car, veuf et qui ne se remet pas de la mort de sa femme après un cancer, alors qui se défoule en couchant avec cette voisine, et qui boit aussi pour oublier. Il boira d’autant plus que ses jumeaux sont morts dans l’accident. Puis un grand avocat qui tente de grouper plusieurs victimes afin de porter plainte contre un responsable, car pour lui, l’accident n’existe pas, tout cela est forcément dû à une défaillance :  barrières de sécurité pas assez solides, plan d’eau qui aurait dû être asséché, freins du car etc…. Enfin, mais précédant la deuxième intervention de la conductrice, la jeune fille de 14 ans, paralysée du bas du corps, dont on apprend que son père ne cessait d’abuser d’elle. Pour l’avocat, cette jeune fille est son atout majeur, elle ne manquera pas d’émouvoir les juges ou les jurés. Sauf que son témoignage sera réellement inattendu.
Passionnant car très dense, très riches en anecdotes et très fouillé sur les causes possibles d’un accident quel qu’il soit. Et toujours intéressant de voir comment vivent les gens dans ces petits bleds proches de la nature.

De beaux lendemains de Russel Banks (The sweet hereafter 1991). Aux éditions Babel, traduction de Christine Le Bœuf. 336 pages.

Texte © dominique cozette

 

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