L'Arabe du futur 4 à lire d'urgence !

Riad Sattouf nous raconte la suite de son enfance dans ce quatrième tome, mais pas la fin car il nous laisse sur un suspense insoutenable, un très lourd épisode familial. Mais avant que ça n’arrive, on voit la fissure entre ses deux cultures se creuser irrémédiablement. Pour ceux qui ne connaissent pas : Riad est le fils d’une Bretonne libérée et d’un Syrien universitaire « moderne ». Ils se sont rencontrés au resto U de la Sorbonne, se sont mariés et ont fait trois garçons. Le hic, c’est que les deux cultures sont difficilement compatibles. Voir les tomes précédents. Mais en plus, le garçon est tout blond, angélique, rien d’un Syrien donc une risée pour ses cousins quand ils vont là-bas.
Dans ce tome 4, l’écartèlement s’intensifie. La mère suit parfois son mari dans leur « trou » syrien où elle s’ennuie comme un rat mort et Riad, qui a perdu l’usage de l’arabe, régresse de deux classes. De plus il se fait traiter de juif et maltraiter. Sa mère ne veut plus vivre ici. Revenus en Bretagne, le père travaillant comme prof en Arabie Saoudite, le garçon retrouve une bonne classe mais se fait traiter de pédé. Il a une voix haut perchée, une silhouette malingre, pas confiance en lui bien sûr. Ne parlons pas de son nom qui provoque des quolibets humiliants. Aucun ami. Toujours seul. Heureusement qu’il dessine. D’un côté, son grand-père breton le pousse à regarder le cul des filles, de l’autre son père, devenant de plus en plus religieux, voit d’un très mauvais œil la vie occidentale avec toutes ces femmes indécentes, dont la sienne qu’il tente de faire surveiller par son fils tellement il devient con. Quand elle tombe malade, elle ne l’en informe pas de peur de le voir revenir.
Tout est dur pour ce pauvre gosse, l’adolescence ingrate avec son acné, les attaques et la haine que lui prodiguent les autres. Bien que s’étant fait faire une coupe à la Tom Cruise pour lui ressembler, il ne suscite aucun intérêt de la part des filles. C’est un amoureux frustré. Son père au téléphone le charge du poids de la religion, le stresse avec des obligations de résultats alors que sa mère se débat avec le peu de fric qu’il envoie. Son père est raciste, pour la peine de mort, sexiste, intolérant. Quand il débarque en France, ou qu’eux vont en Syrie pour voir leur famille, ce sont des scènes et des violences verbales sans fin entre sa mère et son père. Jusqu’à ce qu’un événement tragique arrive.
Mais il y a beaucoup d’humour aussi. Ce livre très épais est poignant et irrésistible. Formidable, même. A lire absolument et à faire lire aux enfants.

L’Arabe du futur 4 de Riad Sattouf aux éditions Allary. 2018. 280 pages. 25,90 €

Texte © dominique cozette

Si t’es pas dans le Sattouf, t’as tout raté !

La vie secrète des jeunes III, c’est pas du tout secret si tu prends le tromé, si tu vas dans les bars de l’est parisien et les rues alentours. C’est comme les brèves de comptoir mais en BD, une page par anecdote et les anecdotes, c’est à base de toute la faune qu’on trouve dans ces quartiers de Paris avec quelques minuscules pointes ailleurs, donc les relous principalement, souvent hallal, les tassepés, les gros nases,  les cailleras, les petites vieilles autochtones, les mômes qui braillent, les p’tits cons et les jeunes filles en fleurs hum… en fait c’est la télé-réalité la pire mais comme c’est dessiné, c’est frais d’un seul coup !
Riad Sattouf (touffe de quoi, je vous demande) a un regard cash sur la société comme on dit et sait rendre poétique ce qu’on pourrait trouver glauque ou violent. On dirait des caricatures mais non, c’est du vécu, les idiomes sont transcrits tels quels, les comportements rapportés sans analyse, bref c’est du brut de coffrage. Et c’est vrai que c’est brut ! Je ne laisserai plus ma fille — ou ma mère — prendre seule le métro ! Je plaisante, ma fille a 40 ans, chienne de vie et ma mère est morte. Chienne de vie bis.
NB : Toutes les planches de l’ouvrage sont parues dans Charlie Hebdo entre 2010 et 2012.

Quelques strips pris au hasard sur le Web…

La vie secrète des jeunes III de Riad Sattouf. L’Association 2012. Avec une couverture au rouge scintillant, c’est très joli !

Texte © dominique cozette

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