Quand je pense à Fernande, je pense à Lafarge…

Fernande est à droite. Je n’ai pas demandé le prénom de son amie. Ces deux femmes vivent ici, ont toujours vécu ici, dans la cité Lafarge ou cité Blanche — du nom de Blanche Lafarge, épouse de l’industriel —, au bord du Rhône, qui fut construite pour loger ouvriers et contremaîtres des célèbres ciments qui, il n’y a pas si longtemps, blanchissaient de leur fine poussière blanche, justement, tous les environs.

Une première partie des bâtiments fut construire au XIXème siècle. Celle où n’habitent plus que cinq personnes (et peut-être moins), en 2013. Le centenaire, donc.

Jadis, c’était la vie, les gosses, les écoles, les jeux, la chapelle, les petits potagers pour chacun, avec poules et lapins, les cris des enfants, la bouffarde dans le café (sans alcool) où les ouvriers se retrouvaient pour taper le carton. Les hommes. Les femmes, celles qui voulaient rajouter le beurre dans les rutabagas, travaillaient à la sacherie, raccommodant les sacs de ciment déchirés.

Puis dans les années 50, on put s’acheter une voiture, un logement en ville grâce à l’intérêt 0 offert par le patron, alors beaucoup quittèrent cet univers clos. Sans parler de l’automatisation qui réduisit le nombre de postes.
Aujourd’hui, la cité Blanche est une ville morte. A part nos deux petites vieilles fort sympathiques qui prenaient le frais, nous n’avons pas croisé un chat. au propre comme au figuré. Les petites dames nous confient qu’il y a pas de mal de visiteurs l’été, ça les distrait, et qu’il y a un monde fou lors des journées du patrimoine. Quand même, je n’aimerais pas être la dernière à vivre ici, l’hiver… Brrrr

On peut rêver et imaginer ces superbes bâtiments repris par un mécène pour en faire une cité d’art, avec lofts, cantines, expos, scènes, etc… mais bien que le monument soit dorénavant protégé, rien n’est prévu pour une éventuelle restauration.
Ici, le site pour en savoir plus et écouter le bel accent ardéchois de Fernande

Texte et photos © dominique cozette

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