Je vous ai déjà parlé de Fabrice Caro, un bédéiste super drôle (Zaï zaï zaï par exemple) et qui a sorti récemment son deuxième roman, le Discours (voir ici). Par hasard, je tombe sur son premier roman, édité par Gallimard siouplé couverture blanche mais réédité en poche. Il s’appelle Figurec et il est vraiment extra. Le seul problème c’est qu’on ne peut pas en dévoiler ce qui en fait le sel, une sorte de petite cassure dans le vécu et qui change tout dans le train-train de la société.
On peut néanmoins parler du héros, le même pratiquement que celui du Discours, un trentenaire médiocre et désabusé, célibataire et solitaire, toujours fauché, qui a une sorte de passion : les enterrements. Il scrute régulièrement la rubrique nécrologique dans le journal et se rend au cimetière pour goûter la qualité des hommages, la sincérité des chagrins et tutti quanti. Son plaisir, c’est de s’en faire, pour lui-même, des critiques comparatives. Mais un jour, puis un autre jour, il est repéré par un bonhomme, genre rondouillard porté sur la boisson, et aussi sur les enterrements, qui tente de faire sa connaissance…
A part ça, il dîne cinq soirs par semaine chez un couple d’amis qui bat un peu de l’aile, il sent qu’on l’invite pour faire tampon ou remplir les vides. Et tous les dimanches, il déjeune chez ses parents en compagnie de son frère, mec ultra-brillant qui a tout pris de ses parents pour ne rien lui laisser, et de la femme de celui-ci, sorte de femme idéale qui le fait fantasmer. A part le sempiternel menu, le rabâchage de son père sur la pêche et l’étalage des connaissances de son frère, il ne se passe rien d’autre. On en est là quand il va apprendre un truc incroyable qui va changer toute sa vision de la vie. Et sa vie.
En plus de son idée géniale, Caro a le don de truffer sa prose de saillies pleines d’esprit, de formules frappées au coin du bon sens et de pointes d’humour aussi décalées que dans ses dessins.
Figurec est un livre drôle, fin et étonnant que je vous conseille fortement.
Figurec de Fabrice Caro, 2006. Aux éditions Folio, 264 pages, pas cher (le prix n’est pas mentionné).
Texte © dominique cozette